Schopenhauer est connu pour avoir soutenu, dans Le monde comme volonté et comme représentation (1819), que la musique était un art supérieur aux autres : « dans une langue éminemment universelle, elle exprime d’une seule manière, par les sons, avec vérité et précision, l’être, l’essence du monde ». Précisément parce qu’elle ne cherche pas, à la différence des arts représentatifs, à imiter les apparences d’un monde visible, la musique irait plus loin.
Il ne faut toutefois pas forcer l’opposition entre la musique et les autres arts. Elle est originellement liée à la danse, à la poésie. André Schaeffner rappelle, par exemple, que le premier instrument de musique de l’homme a été son propre corps et les objets qu’il y accrochait. Jouer de la musique et danser ne faisaient alors qu’un. Quant à la poésie, celle-ci a longtemps été chantée, comme en témoignent les pratiques des aèdes grecs et des griots africains. Par l’intermédiaire de l’opéra, la musique est évidemment liée au théâtre. Dom Juan est une pièce de Molière et Don Giovanni un opéra de Mozart. La recherche d’effets dramatiques a d’ailleurs considérablement enrichi l’orchestration des morceaux de musique classique. La musique joue également un rôle important au cinéma. Les réalisateurs ont vite appris, en effet, à utiliser la musique non pas comme un redoublement de l’image, mais comme une de ses composantes.
Malgré l’hétérogénéité première du visible et du sonore, peinture et musique ont aussi des points communs. Les deux sont des arts de la composition pour lesquels les notions d’harmonie et de rythme ont un sens. Le peintre parle du ton d’une couleur et le musicien de la couleur d’un son pour évoquer son timbre. Ainsi, comme le remarque le peintre abstrait Kandinsky dans Du spirituel dans l’art, et dans la peinture en particulier , « Nombre de tableaux, de gravures sur bois, de miniatures, etc., des époques passées sont des compositions complexes « rythmiques » avec une tendance marquée au principe symphonique. »