La société comme objet scientifique, en France et en Allemagne

Présentons, à présent, les apports :

• de la sociologie française d’Émile Durkheim ;
• de la sociologie allemande de Max Weber.

Il s’agit, en effet, de deux traditions qu’on oppose traditionnellement, mais qu’on souhaite ici présenter plutôt comme complémentaires, et ce, sans oublier de rappeler les spécificités des méthodes et des conceptualisations de ces deux pères fondateurs, en Europe, de la discipline !

C'est l’occasion, en réalité, de rappeler que la démarche « holiste » de Durkheim est, effectivement, très différente de la démarche plutôt « individualiste » de Weber. Leur définition de la sociologie est aussi intéressante, originale, que différente à bien des égards.

Face aux questions telles que : quels sont les invariants et les différences dans l’organisation des sociétés humaines ? Comment rendre compte des actions humaines ? Ou encore, comment expliquer le changement social ?... on trouve des réponses parfois opposées, dans l’interprétation des données et de la réalité sociale.

Toutefois, les deux sociologues ont beaucoup apporté à la discipline, la sociologie, née fin 19^e siècle, d’une réflexion autour de la diversité des cultures humaines (voyages, exploration, mais aussi, guerres, commerce, etc.).

Ainsi, la sociologie est-elle présentée à partir de 3 idées principales :

• La sociologie face au sens commun et aux opinions :
  • La sociologie s’appuie sur le sens commun, sur les conceptions que les individus ont du monde dans lequel ils vivent ;
  • Les sociologues s’intéressent aux opinions que les individus (ou groupes) émettent sur eux-mêmes et sur la société, et aussi, sur les raisons qu’ils donnent pour expliquer leur parcours social et la société.
• La rupture avec son objet est tellement plus difficile que dans les sciences de la nature :
  • Le chercheur observe un phénomène et intervient avec sa culture, ce qu’il est, ce qui l’influence, ses désirs et ses caractéristiques sociales ;
  • Il peut être influencé par les financeurs des recherches ;
  • Il est influencé par l’air du temps et le fait que certaines théories sont plus ou moins dominantes à un moment donné.
• Quel intérêt de faire la sociologie et de mener des enquêtes sur des faits et problèmes de société, puisqu’on peut en connaître, soi-disant, le sens instantanément ?

Nous verrons, de fait, que les deux traditions sociologiques – Durkheim et Weber – apportent des éléments de réponses… Pour Weber, dont nous conseillons en particulier, la lecture de L’Éthique protestante et l’esprit du capitalisme (1904-1905), publié, en France, aux Éditions PLON, le contexte de l’analyse sociologique est important aussi : la prise en compte du développement d’une forme d’organisation, les idéologies (le « capitalisme » en particulier, dans la société moderne !) ; pour le père de la sociologie allemande, il s’agit d’expliquer d’où vient ce formidable changement social, changement de société occidentale, et ce, depuis trois siècles au moins, et pourquoi les individus cherchent à développer le profit, à produire, quasi uniquement, comme dira aussi Marx, « pour le profit » !