La citoyenneté est un ensemble de « normes juridiques », comme le notent tous les dictionnaires des mots courants, et même les dictionnaires plus spécialisés (science politique, sociologie, philosophie, etc.) ! Il s’agit, aussi, des pratiques sociales qui fondent le statut même de « citoyen », et donc, de fait et sociologiquement, d’une notion historiquement liée à la démocratie, et qui repose sur la reconnaissance de l’existence de sujets libres et égaux.

La démocratie – dans la société républicaine – affirme, à nouveau, comme un véritable enjeu politique et, surtout, comme une controverse, un débat de société, non seulement en Europe, mais aussi, en Amérique du Nord : la figure même du citoyen a retrouvé, ces trois dernières décennies, une densité incroyable, à la fois idéologique et polémique.

On comprend aisément les incantations fréquentes, dans les champs « politique » et « culturel », mais aussi « journalistique », et, à l’évidence, les politiques, aujourd’hui, des « professionnels de la politique », et les journalistes aussi, semblent plus intéressés par ces invocations (discours qui utilisent la « notion » de citoyenneté !) que par la connaissance et les savoirs (discours qui mobilisent le « concept » de citoyenneté !)…

Nous entendons parler, chaque jour ou presque, de « citoyenneté administrative », d’« entreprise citoyenne », de « citoyen post-national », ou encore de « citoyen consommateur », et même de l’« éco-citoyenneté ». Le mot est, de fait, noyé dans un véritable « halo d’ambiguïté sémantique » et l’extension indéfinie de son sens rend quasiment impossible l’interprétation sociologique (scientifique) de la vie politique (sociale). Et, pourtant la citoyenneté, ce n’est pas, loin s’en faut, une appartenance à « géométrie variable » ! Ainsi, nous noterons que la notion de citoyenneté, qui se compose de droits et d’obligations – i.e. : dans des contextes nationaux très différents en effet – est de plus en plus « découplée » avec celle de « démocratie ».