Les soins infirmiers sont une discipline qui a son propre paradigme. Ce paradigme va influencer ses pratiques professionnelles, amorcer la réflexion et faire progresser les connaissances. Le paradigme est défini par Thomas KHUN, philosophe américain comme « un ensemble d'éléments épistémologiques, théoriques et conceptuels, cohérents qui servent de cadre de référence à la communauté des chercheurs de telle ou telle branche scientifique ». La discipline des soins infirmiers a différents modèles et théories de soins qui prennent leur source auprès de Florence NIGHTINGALE en 1859. En effet, 3 courants paradigmatiques majeurs sont apparus : le paradigme de la catégorisation, le paradigme de l’intégration et le paradigme de la transformation.
Le paradigme de la catégorisation
C’est le modèle de Virginia Henderson ou encore celui de Doroty Orem. C’est une vision linéaire et causale. En effet, ce modèle possède comme caractéristiques d’aborder un phénomène de santé par la recherche des causes, des facteurs qui provoquent un mauvais état de santé. C’est une approche hygiéniste. Le focus est mis sur l’organe malade ; la santé est l’absence de maladie ; les facteurs personnels et l’environnement sont peu pris en considération. Le soin se focalise sur les problèmes, les déficits, les incapacités. Le soignant est actif (il intervient pour le patient) faisant du patient, un être passif.
Le paradigme de l’intégration
C’est le modèle de Hildegarde Peplau ou encore celui de Callista Roy. C’est une vision holistique de la personne, c’est une approche communautaire où le patient devient sujet de prévention, il collabore à son traitement. Le focus est mis sur la personne qui est considérée comme un être bio-psycho socioculturel. La famille est intégrée dans la prise en charge ; la santé est un état de complet bien-être physique, mental et social et pas seulement l’absence de maladie ou d’infirmité. L’environnement est constitué de contextes divers qui sont en perpétuel interaction avec des stimuli positifs ou négatifs qui entraînent en permanence une réponse d’adaptation de la part de l’individu. Le soin vise la santé globale de la personne : soignant et patient sont actifs. Le soignant agit avec le patient.
Le paradigme de la transformation
C’est le modèle de Martha E. Rogers ou encore de Jean Watson. C’est l’orientation vers des soins de santé, de santé publique, c’est une approche populationnelle. La santé est une ressource de la vie quotidienne (et non un but de la vie), elle donne à la personne le pouvoir d’identifier et de réaliser ses ambitions, satisfaire ses besoins, évoluer avec son milieu ou s’y adapter.
Le focus est mis sur l’être qui est indissociable de son univers ; la santé est une valeur et expérience subjective selon chaque personne. Le patient est acteur et décideur de sa santé. L’environnement coexiste avec la personne. Le soignant est avec le patient, c’est la notion de prendre-soin.