Les manières de représenter le monde se modifient à cause de la nouvelle place qu’occupe l’artiste à partir de la Renaissance. Au Moyen Âge, l’artiste faisait partie d’une corporation et exécutait ses œuvres en lien direct avec un commanditaire. Progressivement, peintres, sculpteurs et architectes vont revendiquer le statut d’art libéral (d’art noble) pour leurs arts, au même niveau que la littérature. L’art devient, selon Léonard de Vinci, « chose mentale » : il possède une dimension scientifique et même philosophique en tant qu’il dévoile les processus à l’œuvre dans la nature. Les artistes deviennent anatomistes, poètes voire théoriciens.
Giorgio Vasari écrit la première histoire de l’art, racontant la vie des grands artistes (Botticelli, Raphaël, Michel-Ange) comme on racontait autrefois celle des saints : le génie était né. Les artistes entrent au service des princes et participent aux conversations mondaines, dont leurs œuvres font l’objet, comme le montre le Livre du Courtisan de Balthasar Castiglione (1524).
Ces artistes donnent une nouvelle image de la nature qui respecte désormais les proportions du corps humain, donne l’impression d’un espace construit (perspective) et présente des actions à forte dimension dramatique. C’est ce dernier point que loue, au XVIIIe siècle, Diderot : dans ses Salons, il se fait critique d’art, valorise les peintres qui ont su le mieux exprimer les émotions et tente, par des descriptions poétiques, de recréer l’atmosphère des tableaux.