La périurbanisation : un phénomène généralisé

L’urbanisation des campagnes proches des agglomérations est devenue un phénomène mondial et généralisé. La « dédensification » des agglomérations engendre le transfert d’une partie de la population urbaine vers les campagnes alentours et donc un étalement des zones urbanisées, même sans continuité du bâti.

  • Dans les pays développés, l’urbanisation progressive des campagnes a débuté dans les années 1960-1970 avec la généralisation de l’utilisation de la voiture individuelle.
  • Dans les pays émergents et en développement, le phénomène est plus tardif. Mais il devrait s’intensifier : d’ici 2050, en Afrique, le nombre de citadins sera multiplié par 5, mais les surfaces urbanisées seront multipliées par 12.


Les populations concernées par cette « migration » vers le périurbain sont diverses.

  • Populations aisées des pays développés qui veulent échapper aux densités du centre-ville ou de la banlieue, et qui désirent un meilleur cadre de vie (logement plus grand, environnement plus vert…). Gentrification rurale, lotissements fermés, gated communities.
  • Renforcement du mouvement avec l’épidémie de Covid-19 (confinements et télétravail) : phénomène passager ou durable ?
  • Populations pauvres ou en voie de déclassement, forcées de s’éloigner des centres-villes pour trouver des logements moins chers, mais handicapées par l’absence de transports en commun (gilets jaunes en France).


Les conséquences sont multiples.

  • Obligation de construire des équipements collectifs : routes, réseaux d’eau et d’eaux usées, d’énergie (électricité, gaz), de téléphone, des services publics.
  • Saturation des réseaux, pollution.
  • Enchevêtrement des espaces résidentiels et des espaces agricoles. D’où hausse des prix des surfaces agricoles et difficultés pour les agriculteurs locaux, mais aussi hausse des prix du foncier à bâtir et des logements, d’où des difficultés pour les locaux qui se sentent « chassés de chez eux ».


Des campagnes devenues urbaines ?

La généralisation des modes de vie urbains jusqu’en milieu rural a conduit de nombreux auteurs à parler de disparition pure et simple des campagnes, notamment dans les pays développés.

  • Diffusion des modes de construction d’origine urbaine, disparition progressive des styles architecturaux traditionnels, d’où parfois nécessité de les protéger.
  • Diffusion de modes de loisirs ou de pratiques sportives d’origine urbaine : tennis, équitation, golf, bibliothèques, médiathèques…
  • Implication des néo-ruraux dans la vie politique locale : conseils municipaux de moins en moins tenus par des agriculteurs, d’où des décisions pouvant paraître « plus urbaines ».
  • Conflits entre nouveaux habitants et habitants « traditionnels » sur les pratiques agricoles (utilisation de produits chimiques), les bruits ou les odeurs (élevages, basses-cours).


Dans les pays émergents ou en développement, certains auteurs parlent également d’une urbanisation des modes de vie.

  • Saut technologique lié au téléphone portable et à l’accès à Internet grâce au Smartphone.
  • Construction de maisons « à l’occidentale » et de boutiques grâce aux devises envoyées par les émigrés.
  • Diffusion des modes vestimentaires urbaines et occidentales.


Cependant, les modes de vie traditionnels et ruraux subsistent.

Les desakota : une forme particulière de campagnes périurbaines ?

Desakota est un terme composé des mots desa et kota qui signifient « ville » et « village ». Ce vocable désigne les campagnes périurbaines très densément peuplées d’Asie. Ces zones se caractérisent par :

  • le développement d’activités non-agricoles : commerce, tourisme, transport, industrie ;
  • les fortes imbrication et fragmentation de l’utilisation des sols qui en découle : agriculture, habitat, commerce, industrie, transport ;
  • l’importance de l’emploi des femmes dans l’économie locale, dans les activités agricoles et non-agricoles ;
  • la mobilité des populations à l’intérieur des zones périurbaines, mais aussi entre les zones périurbaines et les pôles urbains ;
  • la polarisation de l’espace périurbain par des villes moyennes et de petites villes dans les interstices entre les grands pôles urbains.


Les grandes différences entre les desakota et les autres espaces périurbains sont :

  • les fortes densités ne sont pas dues à l’arrivée de populations venant des pôles urbains, mais de l’importance ancestrale de la riziculture inondée dans ces espaces ;
  • les densités augmentent, non pas du fait du solde migratoire, mais du fait du solde naturel des populations locales.


On trouve des desakota dans les espaces suivants :

  • Asie du Sud-Est : Indonésie, Malaysia, Philippines, Thaïlande
  • Asie du Sud : Inde, Sri Lanka
  • Asie de l’Est : Chine