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Kaliningrad : origine et devenir d’une exclave russe

Lors de l’éclatement de l’URSS en 1991, chaque république soviétique est devenue un pays indépendant, ainsi la plus vaste d’entre elles : la Fédération de Russie. Or il existe, coincé entre la Pologne et la Lituanie, un territoire russe qui pour la Russie est une exclave et qui constitue une enclave à l’intérieur de l’UE.

Avant la Seconde Guerre mondiale, la Prusse Orientale était un territoire allemand séparé du reste du pays par le « Corridor de Dantzig ». Après 1945, la partie Sud est devenue polonaise et la partie Nord est devenue soviétique : la ville de Königsberg est devenue Kaliningrad, la région a été rattachée à la République de Russie en 1946 et les derniers Allemands ont été expulsés en 1948.

À l’heure actuelle, Kaliningrad est devenue la principale base navale russe sur la mer Baltique, une « fenêtre » sur l’Europe de l’Ouest même s’il n’existe pas de continuité territoriale avec le reste du pays. Soucieuse d’affirmer aux yeux du monde entier l’appartenance de ce territoire à la Fédération, la Russie a tenu à organiser quatre rencontres de la Coupe du Monde 2018 dans le stade de Kaliningrad.

La Macédoine : un pays ne peut-il choisir son nom ?

Depuis 1945, la Yougoslavie était un pays fédéral composé de six républiques : Slovénie, Croatie, Bosnie-Herzégovine, Serbie, Monténégro et Macédoine. À la suite des guerres de la première moitié des années 1990, chacune de ces républiques est devenue un pays indépendant, conservant son nom… sauf la Macédoine qui pose un problème au niveau international.

La Grèce s’oppose à ce qu’un pays puisse s’appeler simplement « Macédoine », du fait qu’une province grecque porte ce nom et du fait de l’héritage macédonien dont se réclame la Grèce.

Philippe II et Alexandre le Grand, rois de Macédoine, sont pour les Grecs des héros uniquement grecs : il est hors de question qu’un pays (slave de surcroît) porte le nom de « Macédoine ».

Officiellement, le nom du pays est « Ancienne République yougoslave de Macédoine » en français, « Former Yougoslavian Republic of Macedonia » (FYROM) au niveau international. Lors des cérémonies d’ouverture des Jeux Olympiques, le pays a défilé avec la lettre « F » en 2012 à Londres et avec la lettre « E » (Ex-República Iugoslava da Macedônia) en 2016 à Rio.

Langue et enseignement en Ukraine

En septembre 2017, l’Ukraine a promulgué une nouvelle loi concernant les langues pratiquées dans les écoles du pays. Depuis 2018, l’ukrainien est la seule langue d’enseignement à partir de la dernière année de l’école primaire. Depuis 1991, l’ukrainien était obligatoire pour tous les élèves de l’école primaire, mais les autres matières pouvaient être enseignées dans une autre langue (russe, biélorusse, moldave, bulgare, roumain…) si celle-ci était parlée par au moins 10% de la population de la région. Désormais, ces langues dites « minoritaires » ont disparu de l’enseignement. En Ukraine, moins de la moitié de la population n’utilise que l’ukrainien au quotidien contre 35% qui ne parlent que russe au sein de la famille.

Le but de cette loi est de développer un sentiment national ukrainien, de diminuer l’influence du russe. Mais elle a provoqué la colère de la Hongrie et de la Roumanie : les minorités qui parlent magyar ou roumain se trouvent également discriminées. La Hongrie est particulièrement virulente : le gouvernement hongrois, quelle que soit son orientation politique, a toujours défendu les intérêts des populations hongroises de Slovaquie, de Serbie par exemple.

Les deux Pologne

Depuis les élections de 2005, deux partis dominent la vie politique polonaise : 

  • La Plate-forme civique (PO : Platforma Obywatelska) de centre-droit, d’orientation libérale, démocrate-chrétienne et europhile
  • Le parti Droit et justice (PiS : Prawo i Sprawiedliwość) de droite, d’orientation conservatrice, nationaliste et eurosceptique

Ces deux partis sont à l’origine d’alternances régulières : victoire de PiS en 2005, de PO en 2007 et 2011, de PiS en 2015. Il est intéressant de noter le fort ancrage territorial de ces deux partis : le PiS est fortement dominant dans l’Est et le Sud du pays alors que le PO l’est dans l’Ouest et le Nord, comme le montre la carte suivante.




Si l’on superpose à la carte du vote la frontière de l’Empire allemand jusqu’en 1918, on voit que cette fracture territoriale est un héritage historique et reprend en partie la fracture entre la Pologne issue de l’Empire allemand d’un côté et la Pologne issue de l’Empire russe et de l’Empire austro-hongrois de l’autre. La différence vient essentiellement du statut de la religion catholique : au sein de l’Empire russe, elle était une composante essentielle du nationalisme polonais, une marque de résistance face à la Russie (et plus tard de résistance au communisme venu d’URSS).



Ingouchie : la révolte d’une république russe si tranquille…

Le 6 novembre 2018, la Cour Constitutionnelle de Russie a déclaré légal l’accord sur le tracé de la frontière entre l’Ingouchie et la Tchétchénie. Mais cet accord est rejeté par les habitants de cette petite république du Nord Caucase.

Durant la période soviétique, Ingouches et Tchétchènes étaient regroupés dans une seule république. Comme toutes les populations du Caucase, les Ingouches ont été déportés par Staline au Kazakhstan en 1944, mais ils sont les seuls à ne pas avoir récupéré l’intégralité de leur territoire lors de leur retour après la fin de la guerre : une partie a été octroyée à l’Ossétie du Nord, le voisin de l’Ouest.

Depuis 1992, Ingouchie et Tchétchénie sont séparées, mais la frontière avec ce nouveau voisin à l’Est n’a été officiellement tracée qu’en 2018, par un accord entre les deux gouvernements. Ce tracé a jeté la population dans la rue car il semble favorable à la Tchétchénie : l’Ingouchie est amputée de 10% de son territoire.

Le sentiment d’injustice des Ingouches est double. D’une part la zone cédée à la Tchétchénie recèle des gisements de pétrole. D’autre part, les habitants ne comprennent pas que leur fidélité à Moscou ne soit pas récompensée : au contraire, la Tchétchénie (la république rebelle qui est entrée en guerre pour obtenir l’indépendance) est la grande gagnante de l’accord.

Quelles langues pour les ex-républiques de Yougoslavie ?

Durant l’existence du Royaume de Yougoslavie (1929-41) puis de la République de Yougoslavie (1945-92), trois langues étaient reconnues : le slovène (en Slovénie), le macédonien (en Macédoine) et le serbo-croate (ou croato-serbe) partout ailleurs. Les Serbes écrivaient cette langue avec un alphabet cyrillique, les Croates avec l’alphabet latin.
Depuis l’éclatement de la Yougoslavie, chaque nouveau pays a montré la volonté de se doter d’une langue nationale : officiellement plus personne ne parle le serbo-croate.

  • Le serbe de Serbie est peu différent de la langue d’avant 1992. L’État promeut l’utilisation de l’alphabet cyrillique, trouvant que l’alphabet latin gagne du terrain.
  • La Croatie a mis en place une commission linguistique afin d’élaborer une langue croate. Des néologismes slaves ont été créés et de vieux mots typiquement slaves ont été réintroduits.
  • Le bosnien, écrit avec l’alphabet latin, fait appel à de nombreux mots turcs, arabes ou persans. Mais les Serbes et les Croates de Bosnie parlent serbe ou croate. 
  • Le monténégrin peut s’écrire avec l’alphabet latin ou cyrillique. La grammaire et l’orthographe ont été fixées en 1997.

La majorité des linguistes assure qu’il n’y presqu’aucune différence entre ces langues…

La Crimée : un enjeu pour la Russie

L’histoire de la Crimée ne se comprend qu’à travers sa géographie : une péninsule stratégique dans la Mer Noire, le point de contrôle principal de la navigation dans cette région.

Les Tatars y fondent un khanat puissant qui passe sous protectorat ottoman en 1475. L’Empire russe en prend possession en 1783 : la ville de Sébastopol est fondée, elle reste encore aujourd’hui la base navale qui ouvre sur ce que les Russes appellent « les mers chaudes ».

Envahie et occupée par la Wehrmacht de 1941 à 1944, la Crimée est libérée par l’Armée Rouge et rattachée à la République Fédérative de Russie en 1945. Les Tatars, accusés de collaboration avec l’occupant, sont déportés. À partir de ce moment, la population est en grande majorité russe.
En 1954, Khrouchtchev décide le rattachement de la Crimée à la République d’Ukraine. Donc, le 24 août 1991, lorsque l’Ukraine devient indépendante suite à l’éclatement de l’URSS, la Crimée se trouve être en territoire ukrainien. Cela engendre des tensions entre les habitants russophones et le gouvernement central ukrainien et débouche sur la crise de 2014 qui conduit à la déclaration d’indépendance de la Crimée le 11 mars et au rattachement à la Russie signé le 18 mars.

La Bosnie-Herzégovine : un pays encore divisé

Après la Seconde Guerre mondiale, la Bosnie-Herzégovine est une république au sein de la Fédération de Yougoslavie. Elle est peuplée de Serbes, de Croates et de Slaves islamisés depuis l’occupation ottomane. En 1974, à la demande de ces derniers, une nationalité « Musulmans » est créée. Le terme « Bosniaques » est également utilisé pour désigner ces Slaves musulmans, ou les habitants de la Bosnie ne se considérant ni Serbes, ni Croates.

En 1992, lors de la dislocation de la Yougoslavie, un référendum est organisé et 99% des votants se déclarent pour l’indépendance de la Bosnie, mais ce vote a été boycotté par les habitants serbes qui refusent cette indépendance. C’est le début de la guerre de Bosnie qui jusqu’en 1995 oppose Serbes, Croates et Bosniaques ; guerre marquée par des massacres et des épisodes de nettoyage ethnique : les secteurs où la population était mélangée se retrouvent maintenant être « mono-ethniques ».
Depuis les Accords de Dayton (1995), la République de Bosnie-Herzégovine est composé de deux entités principales qui ont chacune un président, un gouvernement, un parlement, une police, un drapeau :

  • la Fédération de Bosnie-et-Herzégovine (nom officiel), que l’on appelle le plus souvent « fédération croato-musulmane » pour plus de transparence car peuplée de Croates et de Bosniaques.
  • la République serbe de Bosnie, peuplée en majorité de Serbes.

La Transnistrie, un État fantôme

La Transnistrie est le dernier vestige de l’Union Soviétique, comme le montre son drapeau : c’est le seul territoire de l’ex-URSS a avoir gardé la faucille et le marteau… En fait, le drapeau de la Transnistrie est l’ancien drapeau de la RSS de Moldavie, signe que cette région n’a pas accepté les changements survenus depuis 1991.

La Transnistrie est la partie russophone de la Moldavie, le long de la frontière avec l’Ukraine ; une bande étroite de 100 km de long sur 10 à 15. Désirant rester au sein de l’URSS alors que la Moldavie proclamait son indépendance, elle a fait sécession en 1991, prenant le nom de République moldave du Dniestr (RMN) et demande depuis son rattachement à la Russie, sur le modèle de Kaliningrad. Des forces armées russes stationnent en RMN depuis 1991 et empêchent la Moldavie d’exercer toute autorité sur la région. De facto la RMN est une enclave russe avec sa monnaie (le rouble), son gouvernement, utilise l’alphabet cyrillique au lieu de l’alphabet latin… et la Russie délivre des passeports à ses habitants.

Mais officiellement la Russie n’a pas reconnu la Transnistrie comme État, contrairement à d’autres séparatismes nés de la dislocation de l’URSS (Ossétie du Sud, Abkhazie, Haut-Karabagh).

Le Kosovo : un État indépendant ?

Peuplé à 85% d’Albanais et à 10% de Serbes, le Kosovo est de 1945 à 1989 une province autonome de la République de Serbie, elle-même membre de la fédération de Yougoslavie.
L’autonomie ayant été retirée à la région par la Yougoslavie en 1989, le Kosovo se constitue en république en 1990 puis déclare son indépendance en 1991, indépendance refusée par la Yougoslavie. Une guerre se déclenche et monte en intensité à partir de 1997-98. En 1999 l’OTAN décide des frappes aériennes sur Belgrade et la Serbie est obligée de retirer ses troupes du Kosovo. De 1999 à 2008 le statut politique du Kosovo est flou : il est de facto administré par une mission des Nations Unies (MINUK). Le Deutsche Mark devient la monnaie du pays, puis est remplacé par l’Euro en 2002.
En février 2008, le Kosovo se proclame État indépendant. Cette indépendance est reconnue par la majorité des pays européens (Allemagne, France…), mais évidemment pas par la Serbie, ni la Russie, ni la Chine. L’Union Européenne exige de la Serbie la reconnaissance du Kosovo comme préalable à toute négociation d’adhésion… Or la bataille de Kosovo Polje (1389) est considérée par les Serbes comme le berceau de leur nation, d’où l’impossibilité d’accepter cette indépendance.

La Carélie orientale : une terre finnoise en Russie

En 1835 Elias Lönnrot publie le Kalevala (« la terre du héros Kavela »), un recueil de 32 poèmes (12000 vers) qui est considéré comme le monument littéraire fondateur de la culture et de la langue finnoises. À l’époque, la Finlande est une province russe et ses élites parlent suédois. Comme l’indique le sous-titre de l’ouvrage (« vieilles chansons caréliennes des temps antiques du peuple finnois »), le recueil est censé être le fruit d’une collecte de matériau poétique effectuée en Carélie orientale, appelée à l’époque Carélie de Viena.

Le finnois devient langue officielle (à côté du suédois) en 1863 et la Finlande devient indépendante en 1917. La Carélie orientale se retrouve du côté russe de la frontière, mais elle reste considérée par les Finnois comme le berceau le plus authentique de leur culture : Sibelius y fait dans les années 1890 son voyage de noces, avant de composer Finlandia en 1900.

Aujourd’hui, toujours située en Russie, la Carélie orientale continue de susciter l’intérêt de la Finlande. La Russie y a créé un parc national en 2007 nommé… « Parc national du Kalevala », et le financement du parc est assuré par la Finlande. Un exemple original de coopération transfrontalière : quand la protection du patrimoine naturel et celle du patrimoine culturel se rejoignent…

La Turquie : européenne, mais pas seulement

Traditionnellement, la Turquie est un pays tourné vers l’Ouest. L’occidentalisation du pays a été menée par Atatürk avant guerre, puis la Turquie a adhéré au Conseil de l’Europe en 1949, à l’OTAN en 1952, et a déposé sa candidature à la CEE en 1987. La candidature a été retenue en 1999 et le processus d’adhésion à l’Union Européenne a officiellement commencé en 2005. L’UE est le premier partenaire commercial du pays et les principales communautés turques en dehors du pays sont en Allemagne, aux Pays-Bas et en Belgique.

Mais le processus d’adhésion est long, compliqué et ne semble pas prêt d’aboutir : 13 chapitres ont été ouverts par l’UE, mais 18 ont été bloqués (reconnaissance de Chypre, p. ex.). Si bien que la Turquie s’est récemment tournée vers l’Est.

Tout d’abord, la diplomatie du pays a été redéfinie par Ahmed Davudoglu, le ministre des Affaires étrangères : « zéro problèmes avec les voisins ». D’où des accords et la mise en place d’une coopération avec tous les États limitrophes, même l’Arménie. Deuxièmement, le pays a renforcé les liens avec tous les pays ou toutes les entités turcophones, comme le Tatarstan russe. Enfin, on assiste à la mise en place d’un espace de libre-échange allant du Proche-Orient au Maroc : l’espace Samgen.

La Lettonie, un État à l’unité fragile

La Lettonie est un petit pays de 2 Mhab qui a rejoint l’Union Européenne en 2004.
La population est composée de 70% de Lettons et de 25 à 28% de russophones, issus d’un peuplement russe durant la période soviétique. Depuis son indépendance le 20 janvier 1991, les autorités ont eu une position teintée de méfiance envers les populations russophones : pour obtenir la citoyenneté, il faut parler le letton couramment, connaître l’hymne national et renoncer à toute autre nationalité.

Moins de la moitié des russophones ont obtenu la citoyenneté, ce qui fait qu’il existe dans le pays 13% d’apatrides qui n’ont droit ni à un passeport, ni aux soins gratuits, ni aux allocations familiales ou chômage… La Commission européenne a plusieurs fois rappelé la Lettonie à l’ordre à cause des tests de langue lettonne qui sont imposés aux candidats aux élections législatives. Il semble que les autorités craignent que les russophones ne deviennent une force politique importante.

Lors des élections législatives du 6 octobre 2018, le parti social-démocrate « Harmonie » — qui défend la minorité russophone — est arrivé en tête avec 20% des voix devant un parti populiste (14%) et le parti conservateur (13,5%). La plupart des partis ont annoncé leur intention de former une coalition excluant le parti Harmonie…

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