Lorsqu’un conflit prend fin, chaque camp glorifie ses combattants, ses héros, d’où la construction de monuments aux morts, de lieux de commémoration. Plusieurs mémoires concurrentes apparaissent mais celle des vainqueurs domine et certains acteurs, comme les alliés des vaincus, sont oubliés. Dans un premier temps, ces mémoires partielles sont facteur d’unité nationale : l’Algérie indépendante présente le FLN comme unique acteur de la lutte contre la France, la France des années 1950 et 1960 occulte la collaboration.
Ensuite les historiens affinent la vision des conflits, à condition de pouvoir accéder aux archives et de pouvoir travailler librement, ce qui n’est pas le cas dans tous les pays. Ils peuvent avoir des interprétations différentes du conflit. Ces histoires plus complexes, moins monolithiques, peuvent servir de base à la réconciliation entre les anciens belligérants.
À l’inverse, chaque conflit peut engendrer des mémoires traumatisantes et des rancœurs qui à leur tour justifieront le déclanchement d’une autre guerre : la défaite de 1870 a fait naître en France un esprit de revanche et la volonté de reconquérir l’Alsace et la Moselle, le traité de Versailles a été exploité par les nazis pour justifier la Seconde Guerre mondiale.