Au Salon de 1746, les pamphlets publiés par Étienne La Font de Saint-Yenne font scandale. Son ouvrage Réflexions sur quelques causes de l’état présent de la peinture en France, avec un examen des principaux ouvrages exposés au Louvre le mois d’août 1746, dépeint une décadence de la pratique artistique, notamment de la peinture. La critique artistique de Diderot reprendra des arguments développés dans cet ouvrage. Un nouveau genre littéraire est né, celui de la critique d’art. Diderot va, par sa critique et sa forme dialogique (le XVIIIe siècle est celui de la conversation) écrire sur l‘art sans l'analyser. Dans ce jeu épistolaire et philosophique un nouveau rapport à l’œuvre d’art est initié : la part sensible tant dans la conception que dans la réception y est amplifiée.
Mais tous les critiques d’art n’ont pas le sens artistique aussi bien aiguisé.
Au Salon d’Automne de 1905, le critique d’art Louis Vauxcelles se moqua dans un article de « la candeur de ces bustes (...) au milieu de l’orgie des tons purs : c’est Donatello chez les fauves ». Les artistes nommeront, en réponse, leur mouvement artistique, le Fauvisme.
Le public de ces salons adoptait une posture contemplative.
Dès que Marcel Duchamp prononça lors d’une conférence en 1914 que « ce sont les regardeurs qui font les tableaux » les œuvres sont devenues participatives, le public est devenu collaborateur voire même auteur.
Cécile Croce dans Performance et psychanalyse, Expérimenter et [de]signer nos vies (Paris, L’Harmattan, 2015) décline, avec la performance, les rôles du public : « ce ne sont plus trois rôles (de l’artiste, du spectateur, de l’œuvre) qui sont en scène mais […] au moins cinq […] : l’artiste, le public participant et actant, le public participant regardant, l’œuvre même, le public second abordant la performance par ses traces (photos, commentaires), auxquels nous pourrions ajouter le public regardant un autre public participant… ».
L’œuvre Surexposition (2016) de Samuel Bianchini devant le Palais de Tokyo à Paris présente sur un grand monolithe de métal noir, les lettres lumineuses des messages envoyés par les spectateurs, via leurs smartphones et traduits en morse. C’est bien la participation du public par l’envoi de messages via leurs appareils connectés qui permet à cette œuvre d’exister.