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Auguste et le pouvoir impérial

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Organisation du nouveau régime

Auguste, de son premier nom Octave (Caius Octavius Thurinus), petit-neveu et fils adoptif de César, arrive au pouvoir dans un contexte de guerre civile et après avoir éliminé ses rivaux. 

En 28 av. J.-C., il adopte la puissance consulaire. En 27 av. J.-C., imperator et proconsul à vie, il commande aux armées et aux provinces. Ses pouvoirs, qu’il tient du Sénat et du peuple sont légaux. Puis il devient Auguste et instaure le principat : il devient donc princeps, c’est à dire le premier des citoyens, et va dans les années qui suivent confisquer les pouvoirs. En 23 av. J.-C., il abandonne le consulat et adopte la puissance tribunicienne (pouvoir des tribuns de la plèbe), il gouverne Rome et l’Italie. Il est préfet des mœurs en 19 av. J.-C., et recrute le sénat comme les anciens censeurs. Il devient pontifex maximus, le chef de la religion, en 12 av. J.-C. 

Auguste restaure les formes républicaines du gouvernement. Le nombre de sénateurs est fixé à 600. Des lois de moralité, les lois juliennes, sont votées et les jeux séculaires de 17 av. J.-C. marquent le début d’une nouvelle ère, l’âge d’or augustéen. 

Res Gestae Divi Augusti

Document épigraphique qui se compose d’un résumé de l’action d’Auguste, gravé en 14, à la mort du princeps, sur des tables de bronze placées devant son mausolée à Rome. L’original des inscriptions a disparu, mais le texte est connu car il a été diffusé dans l’Empire. 

L’inscription semble avoir été rédigée et pensée par l’Empereur lui-même ou sous sa dictée. Le texte est davantage adressé à l’élite qu’à la plèbe, c’est-à-dire au public de la ville de Rome qui possède les connaissances institutionnelles et politiques pour le comprendre (jeunes de l’ordre équestre, familles aisées ou riches d’Italie). Dans les provinces où sont diffusées les copies, il faut davantage le voir comme une image du pouvoir romain et comme une statue « verbale » de l’empereur. 

Auguste se présente comme le restaurateur de la République, affirme avoir rendu à l’État romain sa liberté. Il rappelle sa volonté de remettre en vigueur les nombreux usages des ancêtres tombés en désuétude. On voit bien dans quelle mesure Auguste déguise sa prise de pouvoir en une restauration. Le texte énumère les charges et les honneurs civils ou religieux reçus par Auguste, puis dresse le bilan des dépenses en faveur de l’État et du peuple romain. Il évoque les exploits du pacificateur et du conquérant, les deux titres exceptionnels. Le texte nous donne l’image de l’empereur tel qu’il voulait être perçu.

Ara Pacis Augusti

Autel conçu pour fêter le retour à Rome d’Auguste et la fin des guerres. Les textes des auteurs antiques nous apprennent que sa construction remonte entre 13 et 9 av. J.-C., datation confirmée par les indices du décor. Le monument est simple dans sa forme mais le décor de marbre est relativement élaboré, et a donné lieu à de nombreux commentaires et de nombreuses interprétations au sujet de sa valeur idéologique et esthétique. 

Pour certains, ce décor illustre l’arrivée d’Auguste accueilli par le Sénat sur la via Flaminia, avec des scènes de procession et de sacrifices. Il s’agit donc de représenter la cérémonie d’accueil rendue à Auguste à son retour de Gaule et d’Espagne, bien que certains voient dans ces scènes celles de l’inauguration de l’Ara Pacis en 13 av. J.-C. Pour G. Sauron, le monument est l’œuvre d’un atelier néo-attique, avec la répétition des références virgiliennes qui finissent par former un véritable hommage au poète disparu en 19 av. J.C.
Il s’agit d’une œuvre d’art, vectrice de la propagande impériale. Au-delà de son message politique, le monument offre une synthèse de l’art augustéen : l’autel est inspiré de Pergame, les panneaux mythologiques sont classicisants, on retrouve le goût pour la frise romaine historique, teintée d’art populaire, avec un décor floral et végétal.

La statue d’Auguste de Prima Porta

La statue d’Auguste dite de « Prima Porta » est découverte en 1863 dans la villa de Livie, épouse d’Auguste. Elle est conservée au musée du Vatican, plus grande que nature puisqu’elle atteint 2,04 m. En marbre blanc, des traces de polychromie ont perduré, mais des problèmes de datation persistent. 

Il s’agit d’une représentation de l’empereur cuirassé, qui appartient à l’art triomphal. Auguste prend appui sur sa jambe droite. Il est représenté en imperator, général victorieux. La statuaire reprend donc les marques de son pouvoir, et insiste sur la double nature de l’empereur terrestre et divine, car l’assimilation d’Auguste à Apollon est clairement affichée dans cette œuvre. La cuirasse évoque un événement historique repris par la propagande impériale : la remise des étendards, c’est-à-dire les « aigles » de Crassus qui avaient été pris aux Romains en 53 av. J.-C. par les Parthes.

En rupture complète avec l’imagerie précédente de l’empereur, le nouveau portrait officiel du princeps emprunte au modèle du Doryphore de Polyclète la sérénité du visage et l’idéalisation des formes. L’esthétique de la statue délivre au final plusieurs messages politiques, en particulier la pacification et le retour à l’âge d’or dont le peuple est redevable à Auguste. Il s’agit clairement d’une œuvre de propagande.

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