En 1870, la IIIè République naît et hérite d’un vaste empire colonial en Afrique. L’Algérie est même divisée en départements depuis 1848. L’expansion coloniale est en théorie en contradiction avec les idéaux égalitaires de la république mais les républicains se retranchent derrière la mission civilisatrice de l’Europe (discours de Jules Ferry de 1885) pour justifier la poursuite de l’aventure coloniale. La « course aux colonies » se poursuit avec la conquête de la Tunisie (1881), de l’Indochine (1887), de Madagascar (1896) et le protectorat sur le Maroc (1912). La république assume pleinement son rôle de métropole, dominant 48 millions d’habitants répartis sur 11 millions de km².
Les Français représentent une infime part de la population des colonies (0,1% en Indochine, 0,2% en AOF ; avec une exception pour l’Algérie où les Français représentent environ 14% de la population). Les territoires sont donc souvent sous-administrés. L’arbitraire règne faute d’administration solide.
La domination exercée par la métropole est de plusieurs natures : la domination tient tout d’abord aux statuts des colonisés à qui la république ne reconnaît pas le statut de citoyen français. Le code de l’Indigénat appliqué à l’Algérie à partir de 1881 est étendu à l’Empire en 1887. Il établit un régime pénal d’exception et un statut inférieur pour les peuples colonisés. La domination est aussi économique avec l’exploitation des ressources (coton, arachides, gaz, caoutchouc) et l’utilisation de l’Empire comme débouché naturel pour les exportations françaises. Enfin, la domination est culturelle : le français et la culture française sont imposés à travers l’école.
Rares sont les enfants indigènes scolarisés (5% des Algériens en 1914) et très peu nombreux ceux qui connaissent une ascension sociale (soldats, enseignants, auxiliaires de la colonisation). Les sociétés colonisées sont dominées par les militaires français, les grands propriétaires terriens et les commerçants des grandes villes (Alger, par exemple).