L’industrialisation bouleverse la société française. On passe de 3 millions d’ouvriers en 1870 à 7 millions en 1914. Les conditions de vie sont difficiles et le travail pénible, répétitif et dangereux. Malgré quelques tentatives de patrons comme Schneider au Creusot pour aider les ouvriers à travers une politique paternaliste (le patron fournit le logement et différentes aides aux ouvriers), de nombreux ouvriers s’organisent en syndicats pour faire valoir leurs droits.
Les revendications s’articulent notamment autour du temps de travail. Le 1er mai 1891, à Fourmies, dans le Nord, les ouvriers manifestent pour les 8 heures de travail journaliser. Le gouvernement fait tirer sur les manifestants. On compte 10 morts parmi les grévistes. En 1895, la CGT (Confédération Générale du Travail) est fondée. En 1906, elle se fixe par la Charte d’Amiens l’objectif de renverser le capitalisme. En 1906, on compte plus de 1 300 grèves en France.
Avec la SFIO (Section Française de l’Internationale Ouvrière), les ouvriers se dotent d’un parti politique dont Jean Jaurès est la voix et l’Humanité le journal. Le gouvernement concède des avancées au ouvriers (1906, journée de repos hebdomadaire ; 1910, retraites ouvrières).
Le monde rural représente encore une majorité de la population française, avec 56%. Mais ce monde est en déclin. Si 8 millions d’agriculteurs produisent 40% de la richesse nationale, l’industrie et la ville attirent de plus en plus de jeunes. Le train accélère l’exode rural. Des lois protectionnistes (Lois Méline) sont votées pour protéger le monde agricole.
L’industrialisation est aussi à l’origine d’une vague d’immigration européenne (Italiens, Belges, Polonais) qui représentent 2,8% de la population française en 1914. En 1893, à Aigues-Mortes, une manifestation contre la concurrence étrangère dégénère et des Italiens sont massacrés. L’intégration est souvent difficile.
Les femmes occupent une place plus importante dans la vie économique : les femmes sont déjà 55% à être actives en 1914. Elles sont souvent ouvrières. Quelques métiers dans la santé ou l’enseignement se féminisent mais, de manière générale, les femmes n’ont pas accès aux postes de direction. De même, elles restent mineures au regard du Code civil et n’obtiennent pas de droits économiques, sociaux ou politiques.