Vers le IIe siècle, le théâtre classique romain décline au profit des combats de gladiateurs et de spectacles plus populaires. Il disparaît avec l’empire romain d’Occident en 476. Durant cinq siècles, les formes telles que le mime survivent grâce aux troupes de ménestrels.
Paradoxalement, l’Église chrétienne qui condamnait déjà le théâtre à Rome et excommuniait les comédiens donne à cet art une nouvelle vie vers la fin du Xe siècle. On célèbre même la procession des Rameaux avec des manifestations théâtrales.
Une nouvelle fois, le théâtre renaît à travers le drame liturgique et une fois encore il côtoie le sacré. On attribue au moine Tutilon, Visitation Sepulcri, et à la chanoinesse Hrotsvitha von Gandesheim, auteurs de six drames, les premières pièces connues de cette époque.
Pendant deux siècles, les représentations se jouent à l’intérieur des églises ou des monastères. Ce sont d’ailleurs les moines qui incarnent les personnages. Peu à peu, le latin est abandonné au profit de la langue vulgaire. Vers le XIIe siècle, les mystères et les miracles apparaissent :
- Les miracles relèvent de l’hagiographie, c’est-à-dire qu’ils mettent en scène la vie des saints. Le Miracle de Théophile datant de 1263 de Rutebeuf est représentatif du genre.
- Les mystères, eux, sont des épisodes tirés de L’Ancien et du Nouveau Testament. La longueur des représentations est très variable : certaines s’étalaient sur plusieurs jours.
Très rapidement, l’Église n’accueille plus les miracles et les mystères, généralement joués sur les parvis ou les places, car la dimension spectaculaire ne coïncide plus avec l’atmosphère d’un lieu de culte. Dans Notre-Dame de Paris, Victor Hugo ressuscite le genre puisqu’au début du roman, la grande salle du Palais de Justice accueille un mystère du poète Grégoire à l’occasion de la Fête des fous.
À la même époque, parallèlement à ce théâtre liturgique sérieux, se développe la farce.
Au début, la farce – dont l’origine du mot est bien de garnir l’intérieur d’une volaille, par exemple à l’aide d’un hachis – était un intermède comique destiné à faire rire le public pour se détendre entre les longs épisodes des mystères. Très vite, la farce acquiert une vraie autonomie. Il nous reste des brides d'environ 500 farces écrites seulement entre la deuxième moitié du XVe et la première du XVIe siècle. Autant dire qu’il devait y en avoir probablement le triple ou même plus. Mais le genre est déconsidéré et les auteurs ne se donnent pas toujours la peine de les rédiger et encore moins de les imprimer.
La farce donne à voir un comique populaire issu de situations du quotidien. La Farce du cuvier et La Farce de Maître Pathelin, deux farces d’auteurs anonymes, illustrent parfaitement le genre.