Avec le mouvement romantique, un vent de liberté souffle sur le théâtre en France. En s’inspirant du théâtre shakespearien et dans le prolongement du drame bourgeois, les jeunes dramaturges rejettent la structure de la tragédie classique et, dans les nouveaux salons littéraires, s’élabore un nouveau concept : celui du drame romantique. Les premières tentatives sont marquées par de réels affrontements.
En 1809, lors de la deuxième représentation au Théâtre de l’Odéon de Christophe Colomb, comédie historique de Népomucène Lemercier, précurseur du mélange des genres affranchi des unités de temps et de lieu, la police doit intervenir pour mettre fin aux bagarres.
En 1823, dans Racine et Shakespeare, ouvrage théorique, Stendhal, lui, prône déjà au-delà de l’affranchissement des règles un théâtre en prose.
Quant à Victor Hugo, dans sa célèbre Préface de Cromwell publiée en 1827, véritable manifeste du drame romantique, il expose les concepts de ce nouveau genre théâtral : un théâtre, comme la vie elle-même, mélangeant les tonalités et les genres ; un théâtre libéré des trois unités et des règles de bienséance ; un théâtre transfigurant son sujet afin de le révéler. Toutefois, contrairement à Stendhal, Hugo préconise le vers, mais un vers toutefois plus souple.
En 1829, Alexandre Dumas triomphe à la Comédie-Française avec Henri III et sa cour, drame en cinq actes et en prose.
En 1830, Victor Hugo déclenche, lors de la première représentation au Théâtre-Français, ce que l’on nomme « La bataille d’Hernani » : les romantiques que Théophile Gautier, alors âgé de 19 ans, appelle « l’armée romantique » composée de jeunes artistes et étudiants affrontent les défenseurs de la tragédie classique criant au scandale devant le spectacle à la fois sublime et grotesque de la rivalité entre 3 hommes, le roi d’Espagne, Don Gomez de Silva et Hernani, pour Doña Sol. Durant plus de quatre mois, toutes les représentations de la pièce donnent lieu à des incidents – incidents qui finissent par prendre le dessus sur la pièce et sur le genre lui-même.
Finalement, si les représentations sont aussi chahutées, peu de grands drames romantiques voient le jour. On peut néanmoins citer quelques pièces célèbres comme Le More de Venise et Chatterton d’Alfred de Vigny, Les Caprices de Marianne de Musset, Marie Tudor, Lucrèce Borgia et Ruy Blas de Victor Hugo, Kean d’Alexandre Dumas. Enfin, en 1897, triomphe Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand qui ressuscite le genre à l'aube du XXe siècle.
Le drame romantique s’essouffle très vite, avant le milieu du XIXe, mais la révolution littéraire a eu lieu : le théâtre n’est plus simplement une question de règles aristotéliciennes, les dramaturges sont désormais libres de créer.