Au XVIIe siècle, sous le règne de Louis XIII puis de Louis XIV, la France domine l’Europe autant par les arts que par les armes. Le baroque domine la première moitié du siècle, puis s’estompe pour laisser place au classicisme. C’est le siècle de Corneille, Molière, Boileau, La Bruyère, La Fontaine, Racine, Perrault, Pascal, et tant d’autres grands artistes et hommes de sciences.
Le XVIIe siècle est, en France, celui par excellence du théâtre. Le Théâtre du Marais, l’Hôtel de Bourgogne, le Petit-Bourbon, le Palais-Royal reçoivent désormais des troupes à l’image de celle de Molière. L’Église, elle, réprouve toujours cet art et frappe d’excommunication les comédiens.
Au début du XVIIe, ce sont les pastorales comme par exemple Sylvie de Mairet et les tragi-comédies comme celles de Rotrou qui sont en vogue, mais elles s’écartent des règles pour se rapprocher du romanesque.
Les règles, extraites de La Poétique d’Aristote, reposent avant tout sur les trois unités : temps, lieu et action. L’unité d’action entraîne l’unité de ton, c’est-à-dire le renoncement au mélange des genres. De là, découlent les règles de bienséance : ni combat, ni duel, ni suicide. Elles deviendront le cadre par excellence des tragédies classiques et notamment de Racine qui écrira, dans la Préface de Bérénice : « La principale règle est de plaire et de toucher. Toutes les autres ne sont faites que pour parvenir à cette première. »
Avec Le Cid, Corneille connaît la gloire à 30 ans. Rodrigue incarne magnifiquement le héros ainsi que le conflit cornélien. S’ensuivent des tragédies à succès telles que Horace et Cinna, Œdipe en 1659, mais peu à peu, Corneille est éclipsé par Racine. En 1674, la dernière tragédie de Corneille, Suréna, est représentée mais le public du XVIIe boude la pièce. Parallèlement aux tragédies, Corneille écrit de nombreuses comédies et tragi-comédies. L’Illusion comique, jouée en 1636, est une pièce étonnamment fantaisiste mêlant à la fois classicisme et baroque.
Molière élève la comédie au rang de la tragédie. Acteur, dramaturge, directeur de troupes, Molière est autorisé à jouer au Palais-Bourbon à Paris après plus de douze années en Province. Avec Les Précieuses ridicules en 1659, Molière connaît son premier grand succès à Paris. En 1662, avec L’École des femmes, Molière attise les jalousies. Il publie La Critique de l’École des femmes pour répondre à ses détracteurs et fait jouer L’Impromptu de Versailles pour s’en moquer. En 1665, malgré la protection du roi de France, deux pièces de Molière sont interdites : Tartuffe et Dom Juan. En 1666, il fait jouer Le Misanthrope, Le Médecin malgré lui, puis jusqu’en 1673 toutes les grandes comédies que nous lui connaissons, ainsi que quelques comédies-ballets comme, par exemple, Le Bourgeois gentilhomme en collaboration avec le musicien Lulli et Le Malade imaginaire.
Les premières pièces de Racine, La Thébaïde et Alexandre, furent accueillies par le théâtre que dirigeait Molière en 1663, mais le jeune Racine se brouille très vite avec le dramaturge. En 1667, Racine écrit Andromaque, son premier chef d’œuvre. Dès lors, il ne cesse d’être la cible d'auteurs jaloux. En 1668, sa seule comédie est représentée : Les Plaideurs. En 1669, puis en 1670, avec Britannicus puis Bérénice, Racine démontre qu’il est passé maître dans l’art des tragédies à sujet romain et politique. En 1674, son Iphigénie éclipse Suréna de Corneille. Avec Phèdre (1677), Racine marque un tournant : lui, le tumultueux, semble se repentir et condamne les désordres de la passion. Il met fin à sa carrière de théâtre et devient historiographe du roi. Sur la demande de Madame de Maintenon, il écrira pour les demoiselles de Saint-Cyr deux tragédies bibliques : Esther et Athalie.