Au début du XXe siècle, les vaudevilles ainsi que le théâtre de boulevard demeurent toujours très en vogue.
À travers ses satires de la bourgeoisie, Sacha Guitry (1885-1957) s’impose comme le digne héritier de Feydeau et de Labiche. Son premier grand succès est Nono, comédie en 3 actes, représentée en 1905 ; il livrera à la scène 139 pièces avant de se tourner vers le cinéma. Auteur, mais aussi acteur, Guitry écrit, met en scène, joue dans ses propres pièces et fait varier les genres : comédie, opéra-bouffe, revue historique, drame, comédie musicale… Bien que très diversifié et souvent taxé de misogynie, son théâtre trouve son unité dans la langue qu’il manie avec style et ironie. Parmi tous ses succès, on peut citer Le Veilleur de nuit (1911), Désiré (1927) et Le Nouveau Testament (1934).
Avec Topaze en 1928 représentée plus de 800 fois à l'époque, Marcel Pagnol (1895-1974) triomphe sur les scènes européennes. Puis, avec la trilogie marseillaise composée de Marius (1929), Fanny (1931) et César (film en 1936 ; pièce en 1946), Pagnol troque les salons cossus et bourgeois traditionnels du vaudeville pour le Vieux-Port de Marseille et les accents parisiens pour ceux de la Provence.
Entre 1911 et 1939, Jules Romains (1885-1972) livre à la scène plus d’une douzaine de pièces dont la plus connue Knock ou le Triomphe de la médecine représente bien les comédies grinçantes et satiriques dans la lignée de celles de Molière.
Avec Ubu Roi en 1896, Alfred Jarry (1873-1907), lui, apparaît comme le précurseur du théâtre surréaliste et dada. Guillaume Apollinaire (1880-1918), en 1917, fait jouer Les Mamelles de Tirésias, drame surréaliste en deux actes et un prologue.
Paul Claudel (1868-1955) s’inscrit dans le symbolisme. Tête d’or, son premier drame, est représentatif de ce courant. Imprégné d’une esthétique mystique, Claudel écrit Les Cinq grandes odes, L’Annonce faite à Marie. En 1929, avec Le Soulier de satin, Claudel propose un drame total d’une durée de onze heures dans lequel se mêlent tous les genres et tous les registres.
Pour terminer sur cette première moitié du XXe siècle, il faut également citer 3 dramaturges : Jean Giraudoux, Jean Anouilh et Jean Cocteau. Chacun à sa façon réinvente les grands mythes et les grandes tragédies de l’Antiquité pour s’interroger sur le caractère humain universel et atemporel. Cocteau (1889-1963) s’attaque entre autres à Antigone (1922), Orphée (1926) ou Œdipe Roi (1937). À l’aube de la Deuxième Guerre mondiale, Jean Giraudoux (1882-1944) écrit cette pièce au titre emblématique, La Guerre de Troie n’aura pas lieu (1935). Jean Anouilh (1910-1987) porte à la scène Eurydice (1941), Antigone (1944) et Médée (1946). La plus célèbre, Antigone, loin d’être une simple réécriture se présente plutôt comme une interprétation du mythe dans laquelle s'affrontent pouvoir et résistance.