Jusqu’au milieu des années 50, le climat pessimiste d’après-guerre plane encore, porté au théâtre notamment par Jean-Paul Sartre (1905-1980) avec Huis Clos en 1945 ou Les Mains sales en 1948. Cette fois, la crise est existentialiste : le monde n’a pas de sens, pas plus que la vie elle-même. À travers leurs pièces engagées, Sartre et Camus (1913-1960) proposent une réflexion à la fois philosophique, mais aussi politique et sociale comme dans Les Justes par exemple, pièce jouée en 1949 au titre ambigu dans laquelle Camus prend comme point de départ un fait réel : l’attentat du grand Duc en 1905 à Moscou par un groupe révolutionnaire russe. Avec Les Paravents, pièce jouée en 1966, Jean Genet (1910-1986) s’attaque au colonialisme en pleine guerre d’Algérie. Des protestations et des manifestations animent alors chacune des représentations.

À peu près à la même période apparaît le théâtre de la dérision, plus connu sous le nom « théâtre de l’absurde » et même si Eugène Ionesco (1909-1994) – auteur de pièces mondialement connues comme Rhinocéros, La Cantatrice Chauve, Les Chaises, Le Roi se meurt... – et Samuel Becket (1906-1989)En Attendant Godot, Fin de partie, Oh les beaux jours... – ne se reconnaissent pas comme existentialistes, le spectateur assiste également sur scène à un dérèglement de l’ordre, du sens et du langage. D’ailleurs, en 1938 déjà, dans Le Théâtre et son double, Antonin Artaud dénonçait la suprématie de la parole au théâtre.

Cette réflexion sur la parole au théâtre se poursuit et prend de nouvelles formes dans les années 70-80 :

  • Dans Iphigénie Hôtel de Michel Grinberg, communément appelé Michel Vinaver, les personnages se croisent par séquences brèves. Ils captent des nouvelles sur le flottement politique de 1958, avant l’arrivée du Général de Gaulle, sur un transistor, mais les informations, elles aussi, se croisent et se contredisent. Être dans l’Histoire semble difficile.
  • L’Atelier volant, première pièce écrite en 1971 de Valère Novarina, se présente dans une langue nouvelle et un style illustrant parfaitement le travail à la chaîne, au sein de cette petite entreprise, des ouvriers tyrannisés par leur directeur aux allures ubuesques.
  • Avec Les Règles du savoir-vivre dans la société moderne, en 1994, Jean-Luc Lagarce propose les conventions et les usages qui permettent de naviguer entre la naissance et la mort.
  • Roberto Zucco de Bernard-Marie Koltès, jouée en 1990, présente l’histoire réelle du tueur en série italien du même nom ; la pièce fait scandale parce que Koltès le présente à travers le prisme presque mythique que les medias ont fait de lui.

Le théâtre de boulevard et le vaudeville continuent à remplir les salles : entre 1950 et 1994, Pierre Barillet et Jean-Pierre Grédy écriront une trentaine de pièces. Dans les années 70, Le Splendid connaît un triomphe avec Amours, coquillages et crustacés, puis Le Père Noël est une ordure qui seront rapidement adaptés avec succès pour le cinéma.

La fin du XXe siècle voit également apparaître un comique plus grinçant, notamment en 1991 avec Cuisine et dépendances, puis en 1994, avec Un air de famille d’Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri ou Art (1994) de Yasmina Reza qui a connu un succès international. Dans cet appartement où Serge a invité Marc et Yvan pour découvrir le monochrome blanc qu’il vient de s’offrir pour un prix exorbitant, les trois amis vont refaire la lutte de l’art ancien contre l’art moderne avant d'en venir véritablement aux mains.