La tragédie, qui signifie étymologiquement en grec « chant du bouc », remonte au siècle d’or de la Grèce, celui de la période classique, représenté par le stratège Périclès qui lui a donné son nom, et de la démocratie athénienne (Ve siècle av. J.-C.). On ne connaît pas encore définitivement l’interprétation à donner à ce terme : c’est peut-être une référence au satyre, mi-homme, mi-bouc, compagnon de Dionysos, dieu tutélaire du théâtre, ou bien à la plainte du bouc, sacrifié en l’honneur de ce dieu, qui renverrait à celle du héros sacrifié, ou bien encore à Dionysos, dieu de la bière, avant que d’être celui du vin. La tragédie serait alors le chant de la bière, trágos en grec, signifiant aussi « épeautre », donc par métonymie « bière d’épeautre », d’où « chant de la bière ». Or l’alcool est ce qui permet, avec la danse, d’entrer en contact avec le dieu orgiaque.

Le genre tragique se fonde autour de trois grands dramaturges quasi contemporains, Eschyle (526-456 av. J.-C.), Sophocle (vers 495-406 av. J.-C.) et Euripide (480-406 av. J.-C.) qui perfectionnent ce genre théâtral. Il sera théorisé ultérieurement par le philosophe Aristote dans sa Poétique, rédigée probablement autour de 335 av. J.-C., œuvre déterminante par la suite en Europe et particulièrement en France, où elle jouera un rôle essentiel, lorsqu’elle sera redécouverte au XVIe siècle.

Aristote définit ainsi, au livre VI, la tragédie comme : « l'imitation d’une action noble, menée jusqu’à son terme et ayant une certaine étendue, au moyen d’un langage relevé d’assaisonnements d’espèces variées, utilisés séparément selon les parties de l’œuvre ; la représentation est mise en œuvre par les personnages du drame et n’a pas recours à la narration ; et, en représentant la pitié et la frayeur, elle réalise une épuration de ce genre d’émotions ».