La tragédie est intimement liée à la notion de catharsis, qui renvoie à la purification des âmes. Elle met, en effet, en scène des personnages nobles, que le destin, par un retournement rapide, fait chuter, comme dans Médée ou Phèdre d’Euripide ou encore Antigone de Sophocle.
Dans Œdipe roi de Sophocle, par exemple, la pièce évoque la chute du roi éponyme, au matin puissant, au soir misérable, devenue une souillure rejetée de tous, sauf de ses filles-sœurs Antigone et Ismène, après avoir découvert être coupable de parricide et d’inceste en se mariant avec sa mère, selon l’oracle de Delphes.
La tragédie s’efface ensuite au Moyen Âge avant de ressurgir au XVIe siècle, sous l’influence des humanistes. Elle devient, au XVIIe siècle, le premier genre théâtral, assurant la renommée de Corneille et de Racine, de Crébillon et Voltaire au XVIIIe siècle.
Miroir des aspirations vertueuses et héroïques de la Révolution française, elle subsiste au XIXe siècle, mais se trouve fortement concurrencée par le drame romantique qui, influencé par la redécouverte du théâtre shakespearien, reprend certains ressorts propres au tragique.
Enfin, le genre tragique réapparaît, avec force, au XXe siècle, sous la forme de tragédies au sujet antique chez Jean Cocteau (La Machine infernale), Jean Anouilh (Antigone), Jean Giraudoux (La Guerre de Troie n’aura pas lieu, Amphitryon 38), Jean-Paul Sartre (Les Mouches), Albert Camus (Caligula), puis au XXIe siècle avec Wajdi Mouawad. Elle se voit renouvelée, loin de ses oripeaux antiques, par Eugène Ionesco et Samuel Beckett dans le courant de l’absurde.