Le jeu de l’acteur est très tardivement théorisé, contrairement aux principes sur le travail de la voix au théâtre qui sont conceptualisés dès le XIIIe siècle dans les traités poétiques en s’appuyant sur l’action définie dans la rhétorique latine.
Aux XVIIe et XVIIIe siècles, on privilégie, en effet, un jeu emphatique suivant les codes édictés par la Comédie-Française : le texte est déclamé, le ton ne reflète pas l’expression des sentiments du personnage. Le résultat aboutit à un discours théâtral sans âme, qui s’écarte d’une parole naturelle et sans artifice. Le style déclamatoire s’inspire des techniques oratoires de l’Antiquité romaine qui sont préconisées pour la prononciation des discours judiciaires.
Aussi, le comédien se trouve-t-il face à la scène déclamant avec emphase son texte, tels les grands comédiens du XVIIe siècle, Montfleury, Bellerose, l’Epy, la Beaupré, Jodelet... Ce jeu scénique est dénoncé et ridiculisé notamment par Molière dans L’Impromptu de Versailles (1663), pièce dans laquelle il défend un jeu naturel pour la comédie, puis par le personnage Cyrano de Bergerac dans la pièce éponyme d’Edmond Rostand, dans laquelle le héros attaque Montfleury dès les premières scènes en critiquant la fausseté de son jeu lors de la représentation de la Clorise de Baro à l’Hôtel de Bourgogne.
Quant au travail du costume, peu d’indications sont données dans le théâtre médiéval et dans celui de la Renaissance. Le costume est quasi contemporain et doit rendre compte de la classe sociale, notamment dans la tragédie. C’est ainsi que naît le costume tragique « à la française », décrit comme riche et somptueux, mais anachronique jusqu’au XIXe siècle. En effet, le decorum est respecté pour la première fois à la fin du XVIIIe siècle avec l’acteur Talma (1763-1826), qui apparaît sur scène habillé en tunique romaine, bras et jambes nus, dans les tragédies. En outre, ce dernier s’écarte de ses prédécesseurs en rejetant l’emphase et la mélopée caractéristique de la tragédie pour adopter une diction naturelle et recourir à l’art de la pantomime préconisée par Diderot dans le Paradoxe sur le comédien, composé entre 1773 et 1777, qui revendique une mise en scène naturelle des acteurs tant dans la voix que dans les gestes.