Issu du drame bourgeois, le drame romantique s’inspire de ses principes généraux et s’avère assez rapidement l’un des genres majeurs de la première moitié du XIXe siècle, malgré une préférence marquée pour le mélodrame durant cette période.

Spécificité esthétique du genre : sa théorisation avant la création dramatique des pièces proprement dites. En effet, les principes du drame romantique sont développés pour la première fois dans chez Stendhal dans Racine et Shakespeare (1823-1825), Hugo (« Préface » de Cromwell) et Vigny (Lettre à Lord *** sur la soirée du 24 octobre 1829).

C’est à la suite du drame romantique d’Alexandre Dumas père, Henri III et sa cour, créé en 1829 que se succèdent, entre 1830 et 1835, les principaux drames romantiques qui ont marqué la scène théâtrale de cette période : les pièces de Victor Hugo, Le Roi s’amuse produite en 1832, puis Lucrèce Borgia et Marie Tudor en 1833, d’Alfred de Musset, Les Caprices de Marianne, créée la même année, Lorenzaccio en 1834, et d’Alfred de Vigny, La Maréchale d’Ancre en 1830 et Chatterton, 1835. Puis, sont composés plus tardivement les deux drames, Ruy Blas en 1838 et Les Burgraves, dernière pièce qui se solde par un échec.

L’esthétique du drame romantique s’appuie sur la revendication de la liberté dans l’art et le rejet des règles classiques, héritage aristotélicien, comme le stipule la « Préface » de Cromwell : « il n’y a ni règles ni modèles ». Les dramaturges marquent une rupture en refusant le respect des unités de temps et de lieu : 35 changements de décor sont imposés dans Lorenzaccio (1834) d’Alfred de Musset, où l’intrigue se situe à Florence ou encore à Venise. L’unité d’action est toutefois conservée dans les autres drames, s’écartant du modèle innovant mussetien, dans la mesure où, pour Hugo, l’unité d’action doit être « la seule admise [...] parce qu’elle résulte d’un seul fait : l’œil ni l’esprit humain ne sauraient saisir plus d’un ensemble à la fois » (« Préface » de Cromwell).

Le drame romantique s’inspire à la fois de la dramaturgie de l’allemand Friedrich Schlegel née à la fin du XVIIIe siècle et du théâtre shakespearien qui renaissent grâce aux traductions accessibles en France au XIXe siècle et favorisant leur diffusion. Les Romantiques se montrent particulièrement sensibles à cette esthétique théâtrale. Le drame se définit, dès lors, pour Stendhal, comme « la tragédie en prose qui dure plusieurs mois et se passe en des lieux divers ».