L’étude de l’énoncé suppose la distinction entre deux systèmes d’énonciation : le discours et le récit. En effet, l’énoncé peut se présenter soit comme coupé de la situation d’énonciation dans le cas du récit (ou histoire), soit comme ancré dans la situation d’énonciation comme c’est le cas du discours, organisé autour de l’emploi de déictiques ou d’embrayeurs, marqueurs de l’énonciation.
Tout d’abord, le récit se caractérise par l’absence d’embrayeurs, de toutes traces énonciatives, qui renvoient à la situation d’énonciation : il repose sur un texte écrit aux temps du passé, « temps de l’événement hors de la personne d’un narrateur » (Benvéniste, PLG, 1966, p. 239-241). L’imparfait et le passé simple constituent les temps de référence, à partir desquels l’antériorité dans le passé s’exprime avec les temps composés, passé antérieur et plus-que-parfait, et la postériorité avec le mode conditionnel (passé ou présent), employé avec une valeur temporelle, celle d’un futur dans le passé. Ensuite, le discours présente des embrayeurs (ou déictiques) qui renvoient à la situation du locuteur, à toute énonciation qui suppose un locuteur et un auditeur, autrement dit à une situation d’énonciation dont le temps de référence est celui du présent, à partir duquel l’antériorité est exprimée le plus souvent par le passé composé (parfois par l’imparfait) et la postériorité le futur simple.
La transformation d’une forme à l’autre implique donc des changements, notamment dans le cadre du discours rapporté avec le passage du style (ou discours) direct au style (ou discours) indirect. On distingue traditionnellement quatre types de discours rapporté pour restituer la parole d’un locuteur dans un énoncé produit par un autre locuteur : le discours direct – on compte rarement le cas du discours direct libre –, le discours indirect, le discours indirect libre et le discours narrativisé.
Le discours direct cite les paroles d’un locuteur en l’introduisant par des guillemets et en conservant les marques de l’énonciation (embrayeurs), tandis que le discours indirect peut se définir comme la retranscription reformulée des paroles d’un locuteur.
Le discours indirect est donc coupé de la situation d’énonciation et relève du récit : il restitue le signifié, le contenu des paroles, mais non le signifiant. Il nécessite, sur le plan syntaxique, l’emploi d’un verbe introducteur de parole suivie d’une proposition subordonnée complétive indiquant le contenu de cet énoncé, ce qui suppose une transformation du discours en récit et donc des changements permettant d’homogénéiser le discours en commençant par l’absence des marques personnelles, des embrayeurs et la transposition de l’axe du temps de référence : présent/passé.
Le discours indirect libre qui relève du récit est, en revanche, plus difficilement identifiable par l’absence de marqueurs et répond à une superposition des deux niveaux de discours, le discours citant et le discours cité.
Enfin, le discours narrativisé se présente sous la forme d’un résumé des paroles prononcées par un locuteur, tandis que le discours direct libre est caractérisée par la présence d’un « je » dans un récit écrit à la troisième personne et dont l’identification n’est pas marquée.