La morphologie est un domaine de la linguistique qui s’attache à l’étude de la formation des mots : elle porte sur l’identification et l’analyse des morphèmes, qui constituent la plus petite unité de sens. Elle est liée à la phonologie, définie comme l’étude du système de sons distinctifs, mais aussi à la syntaxe, dont l’intérêt porte sur la structure de la phrase, puisque les morphèmes grammaticaux portent sur la marque de la relation syntaxique, et au lexique dans le phénomène de création de mots nouveaux. C’est, selon G. Mounin, « l’étude des formes sous lesquelles se présentent les mots dans une langue, des changements dans la forme des mots pour exprimer leurs relations à d’autres mots de la phrase, des processus de formation de mots nouveaux, etc. » (1974).

Chaque morphème constitue un élément indivisible formé généralement d’un ou plusieurs phonèmes – plus petite unité de l’oral qui possède une valeur distinctive dans la langue – et porteur de sens. Il peut être associé à d’autres morphèmes, dans la mesure où un mot est, le plus souvent, le résultat une combinaison de morphèmes. On distingue les morphèmes libres et les morphèmes liés. Les morphèmes libres concernent les mots à part entière, apparaissant sous une forme isolée, tandis que les morphèmes liés représentent des éléments d’un lexème, toujours associés à d’autres morphèmes. Ces morphèmes sont isolés par le procédé de la segmentation (également appelée décomposition) et sont identifiés par le moyen de la commutation : le remplacement d’un segment par un autre produit une modification du sens et indique, dès lors, que ce segment est un morphème.
Aussi, l’adverbe « indirectement » se décompose-t-il en trois parties morphèmes : in-directe-ment, qui est formé de deux affixes, d’un préfixe négatif in- et d’un suffixe d’adverbe –ment, qui s’adjoignent à une base, le radical -directe-. La base du lexème lui donne son identité sémantique et les affixes permettent d’ajouter une signification ou de modifier le sens du radical. Deux grandes catégories de morphèmes se distinguent : les morphèmes grammaticaux et les morphèmes lexicaux.

Les morphèmes grammaticaux sont composés d’affixes ou mots grammaticaux, relevant de la classe fermée et permettant au mot d’être en relation avec d’autres éléments, tandis que les morphèmes lexicaux (ou lexèmes), bases (ou radicaux) appartiennent à la classe ouverte et permettent au mot une individualité sémantique.

L’étude de la distribution rend ensuite compte du contexte linguistique dans lequel le morphème est employé. Un morphème se définit donc comme une forme phonologique récurrente, qui a une signification stable et une distribution particulière dans le mot. Mais un même morphème peut présenter des variantes que l’on appelle allomorphes, qui se rencontrent dans des cas bien définis (prun-ier, orang-er : le morphème –ier, suffixe de nom d’arbre, est un allomorphe du morphème -er) et conditionnés par l'environnement phonétique (comme c’est le cas des noms d’arbres : prun-ier et orang-er, cités ci-dessus) ou morphologique (comme l’illustre, dans la conjugaison, l’exemple de la deuxième personne du pluriel, dont la marque flexionnelle –ez commute avec la terminaison –tes au passé simple : vous chant-ez/chant-âtes).

Enfin, la notion de motivation est un concept important en morphologie : il concerne les mots construits. Ainsi, lorsqu’un mot dérivé ou composé n’est plus analysé ou analysable, il est dit démotivé.