Avant le XVIIe siècle, la langue française ne s’appuie que sur la grammaire directement héritée de la langue latine. La grammaire se développe au XVIIe siècle à travers celle de Port Royal qui porte sur l’analyse de la phrase (étude des relations entre les mots dans la phrase). Cette grammaire scolaire suit un code et se définit, dès lors, non seulement comme une grammaire normative, mais aussi sélective (les règles s’appuient sur des exemples d’auteurs), et comme conservatrice et rationnelle.
La linguistique, qui a une dimension réflexive en ce qu’elle se consacre à la langue dans son ensemble, c’est-à-dire à ses règles et ses fautes, évolue au cours de son étude et s’affirme comme une science objective relevant ainsi des sciences du langage. Deux approches la caractérisent : la linguistique diachronique (F. Bropp et R. Rask au XIXe siècle) qui développe l’idée d’une langue-mère, l’indo-européen, et la linguistique synchronique qui suit une démarche descriptive par opposition à la grammaire normative : la langue est considérée comme un système, un code, qui constitue l’ensemble de toutes les formes possibles.
La linguistique synchronique voit naître, au début du XXe siècle, la grammaire structurale (F. de Saussure). Cette grammaire se définit, dès lors, comme générale et n’ayant d’autre but qu’elle-même. Elle relève, en outre, du domaine de la sémiologie (science des signes) et a pour objet de dégager des lois générales. Aussi, pour Saussure, la diachronie constitue une succession de synchronies : paradigme et syntagme s’opposent en ce que l’axe syntagmatique est celui de la parole et que l’axe paradigmatique est celui des formes que l’on choisit pour faire une phrase unique. Enfin, la distinction signifiant et signifié est fondamentale, négligeant l’aspect référentiel du mot.
S’inscrivent dans ce courant, en Europe, plusieurs écoles : l’école de Genève (Bailly), celle de Prague et ses néogrammairiens (Troubetzkoy, Jakobson), l’école de Copenhague et celle de Paris (Martinet, Gougenheim, Benvéniste) qui crée la linguistique fonctionnelle. Aux États-Unis, l’attention est portée sur l’étude du signifiant à travers le distributionnisme (Bloomfield). D’autres courants linguistiques se développent au cours du XXe siècle : celui de la grammaire guillaumienne ou encore générativiste (Chomsky). Le générativisme propose des types de structures schématisés afin de rendre compte de toutes les possibilités pour un même terme.
Insuffisante pour expliquer le système de la langue dans le domaine de la syntaxe, la linguistique structurale laisse place à la linguistique du texte qui étudie, sur le plan macro-structurel, la typologie des textes (Prop, Hamon, Ubersfeld, Barthes, Genette, etc.) et, sur le plan micro-structurel, la grammaire de texte (Kleiber, Courbette, etc.).
Enfin, la linguistique du langage, créée par R. Jakobson au milieu du XXe siècle, prend en compte la communication et ses fonctions (expressives, référentielles, poétiques, phatiques, métalinguistiques, cognitives), développe le concept de l’énonciation, le domaine de la pragmatique qui s’intéresse à la totalité de la situation de communication et celui de la sémantique, consacrée au sens, à la signification du mot, et qui présente plusieurs courants (le formalisme sémantique, le courant logique, le courant cognitif avec la psycholinguistique).