La négation se définit comme l’action de nier un propos, d’inverser la valeur de vérité d’une proposition. Aussi peut-elle affecter ou un énoncé entier en portant sur la proposition entière (négation totale) ou une partie de l’énoncé, un constituant de la proposition (négation partielle). Ce constituant peut être un des actants de l’énoncé (négation actancielle) ou bien un circonstant (négation circonstancielle).
La négation peut s’exprimer à l’aide de corrélatifs (« ne … pas », « ne … rien », « ne … guère »), autrement dit à l’aide d’une locution adverbiale en deux éléments. L’adverbe de négation « ne », appelé discordanciel, précède généralement le verbe et amorce, prépare la négation qui est clôturée par un second élément « pas », « point », « rien », etc. Ces deux éléments sont désignés comme des forclusifs.
En général, la négation totale (ou absolue) est exprimée par « ne … pas » ou « ne … point », plus littéraire et archaïsant, qui encadre le verbe conjugué (donc l’auxiliaire dans le cas des temps composés) ou précède le verbe à l’infinitif, tandis que la négation partielle qui porte sur un constituant de la proposition, présente un caractère nucléaire (négation de constituant) à travers l’emploi de lexèmes pronominaux (« rien » et « personne »). Ainsi, dans le cas de la négation partielle, deux cas de figure se présentent : la négation actancielle ou la négation circonstancielle qui peut présenter une valeur temporelle, spatiale, etc. À cela s’ajoute la négation exceptive (ou restrictive) (« ne … que »), dans laquelle le mouvement impliquant une négation du procès par l’adverbe « ne » est réorienté vers l’affirmation de la proposition énoncée : le second élément adverbial « que » excepte de la négation le constituant sur lequel il porte. Il s’agit en réalité d’une négation à un seul terme, puisque « que » est alors un clitique, un morphème non accentué, associé au mot qu’il suit.
L’adverbe de négation « non » est également non tonique : il peut être utilisé comme un mot-phrase, niant l’ensemble de la proposition de façon implicite, comme un mot permettant d’exclure un terme de la proposition dans une phrase affirmative (« Il possède une maison et non un appartement. ») ou de nier des adjectifs ou des adverbes (« non voulu », « non loin de là »). En outre, l’adverbe « ne » avec un sens négatif peut être employé seul dans certains tours (« je ne puis », « n’importe », etc.), après le morphème « que » exclamatif ou interrogatif, mais il présente aussi un sens explétif où il perd sa valeur négative (subordonnées de crainte, de temps, de comparaison).
Enfin, la négation s’exprime également sur le plan lexical à l’aide de morphèmes négatifs (préfixes). Ainsi, l’étude de la négation relève-t-elle non seulement de la syntaxe et de la sémantique, mais aussi du lexique. Dans ce cas, la négation porte sur le radical du lexème auquel s’est adjoint le morphème négatif. Les pronoms indéfinis « rien » et « personne » sans discordanciel sont pleinement négatifs, tout comme l’adverbe « pas » employé seul nie l’élément qu’il précède ou tend, postposé au verbe, à porter, à lui seul, la négation dans le langage familier et oral (« je pense pas »).