L’esprit de dérision est très développé dans tout le Moyen Âge après l’an Mil. Les autorités les plus respectables acceptent de se voir caricaturer, dans le cadre du Carnaval ou de la fête des Fous. On en vient à faire pénétrer un âne dans l’église et à mimer sur lui les gestes de la pratique religieuse, à débiter un sermon burlesque à la gloire de sainte Andouille ou de saint Hareng.

Au lendemain de la guerre de Cent Ans (1450 env.), se développent des formes théâtrales d’abord destinées à faire rire, comme les farces. C’est un genre théâtral comique bref, destiné à servir d’intermèdes dans un spectacle, pour faire rire grossièrement le public populaire, en mettant en scène des personnages typés : mari trompé, femme rusée, galant, naïf. Elle met en scène un monde de tromperie : les moines sont paillards, les thèmes du trompeur trompé et du mari cocu reviennent fréquemment.

Même si la plupart des farces sont de tradition orale, près de 250 pièces ont été conservées, telles que Le Jeu du garçon et de l’aveugle (XIIIe siècle), racontant une série de mauvais tours qu’un jeune garçon joue à son maître aveugle (type toujours antipathique au Moyen Âge). Au cynisme et à l’avarice du maître répondent les mauvais tours de son aide qui le martyrise en se faisant passer pour un autre. Citons encore La Farce du cuvier (fin du XVe siècle), La Farce des deux savetiers (fin du XVe siècle).

Le genre de la farce traverse le Moyen Âge jusqu’au XVIIe siècle dans les premières pièces de Molière. Une des farces les plus célèbres est La Farce de Maître Pathelin (vers 1457), considérée comme la première pièce comique de la littérature française, cette farce est la satire célèbre du trompeur trompé : Guillemette, femme de Pathelin, laisse entendre qu’il est un avocat beau parleur. Pathelin berne le drapier Guillaume en jouant le mourant. Pathelin est à son tour berné par un berger qu’il défendait contre le même drapier : il lui a conseillé de répondre « Bée » à toutes les questions pour faire croire qu’il est idiot, le berger répondra de même au moment de payer Pathelin. Le théâtre peut donc avoir une visée critique comique volontairement farcesque et caricatural.