Les romans de la première moitié du XVIIe siècle, romans d’amour pastoraux et galants, que la préciosité va raffiner encore, offrent, dans le prolongement des romans courtois du Moyen-Âge, dans lesquels la femme est un objet de conquête, les exploits de héros galants, amoureux, que vont développer à l’envi les bergeries pastorales (monde dans lequel le cadre est une campagne idyllique, dans un hors temps et dont les personnages principaux sont des bergers) d’Honoré d’Urfé (L’Astrée, 1607-1627), Madeleine de Scudéry (1607- 1701), créant un nouveau genre : le « roman héroïque », roman-fleuve baroque de plusieurs milliers de pages (comme Artamène ou le grand Cyrus), entre 1640 et 1660, qui associe fiction romanesque et épopée en narrant longuement les exploits de héros historiques mythifiés poussés par l’amour.
De même, la naissance de la veine fantastique (intrusion dans le monde réel d’un événement étrange et inexplicable) permet d’échapper au réel comme le montre Cazotte (Le Diable amoureux, 1772). Le XIXe siècle est celui du fantastique, tant dans les contes et nouvelles que les récits. Honoré de Balzac, Théophile Gautier avec, par exemple, La Cafetière (1831) et La Morte amoureuse (1836), Guy de Maupassant, Prosper Mérimée avec Vision de Charles XI (1829), sa célèbre nouvelle La Vénus d’Ille (1837), Gérard de Nerval, avec La Main enchantée (1832), Jules Barbey d’Aurevilly avec Les Diaboliques, Villiers de L’Isle-Adam avec ses Contes cruels, Jules Verne, avec Le Château des Carpathes (1892), Le Sphinx des glaces (1897)...
Puis, progressivement, le courant fantastique est délaissé au XXe siècle, pour être remplacé, à l’époque de la science, par une littérature de l’horreur et de l’effroi, dégagée des images du romantisme noir (vampires et diables).