Jusqu’au XVIIIe siècle, la notion de phrase n’existait pas. Elle était désignée par le terme de proposition. Sur le plan formel, elle commence par une majuscule et se termine par un point. Du point de vue sémantique, elle se définit comme une unité de sens et de mélodie, tandis que, sur le plan syntaxique, elle constitue une unité conventionnelle qui ne tient pas compte de la complexité du réel linguistique. En effet, son unité syntaxique est caractérisée par son autonomie et les constituants qui la composent entretiennent des relations hiérarchiques, ordonnées autour du verbe.
De là, la grammaire traditionnelle distingue deux types de phrase en fonction du nombre de propositions contenues dans la phrase : la phrase simple, dotée d’une seule proposition, dont la nature est indépendante, et la phrase complexe comprenant plusieurs propositions qui sont reliées entre elles de différentes façons.
Tout d’abord, ces propositions peuvent être coordonnées, c’est-à-dire qu’elles sont reliées au moyen d’une conjonction de coordination qui permet de les mettre sur le même plan syntaxique et qui reste un simple outil de liaison. Les phrases coordonnées sont toutes indépendantes les unes des autres, elles restent autonomes.
Ensuite, elles peuvent être juxtaposées : elles sont également toutes autonomes, mais placées les unes à côté des autres et séparées par un signe de ponctuation. Dans le cas des propositions insérées, comme les propositions incidentes ou les propositions incises dans les dialogues, ces propositions séparées par des tirets, une virgule, un point-virgule ou des parenthèses, ne sont pas toujours autonomes, mais elles sont supprimables et n’ont donc aucune fonction dans les propositions – qui, elles, sont toujours autonomes – dans lesquelles elles se sont insérées.
Enfin les propositions peuvent exercer un rapport de dépendance unilatérale entre deux éléments : ce sont des propositions subordonnées. Elles sont dépendantes de propositions dite principales sans lesquelles elles ne peuvent exister. Les subordonnées peuvent être enchâssées, si bien qu’une subordonnée peut dépendre d’une autre subordonnée, qui devient alors sa principale. Elles ont toujours une fonction par rapport à la principale (complément essentiel ou non essentiel).
Le plus souvent, la subordonnée est introduite par une conjonction de subordination qui fait partie de la proposition subordonnée et qui indique la nature de sa dépendance avec la principale, mais certaines propositions (les infinitives et les participiales) n’ont pas besoin de mot subordonnant : le mode verbal permet d’en spécifier la nature. Dans le cas de la corrélation, les deux propositions semblent être juxtaposées, alors même qu’elles entretiennent un rapport de dépendance de l’une par rapport à l’autre. La corrélation est, en effet, assimilée à un procédé de subordination dès lors que la deuxième proposition est subordonnée à la première à l’aide d’un mot subordonnant dépendant d’un mot (souvent un adverbe) qui est mis en relation avec ce dernier (Il est tellement grand qu’il les dépasse tous). Cette corrélation existe également dans le cas de propositions sans outil subordonnant (Moins il travaille, moins il gagne d’argent).