Hugo, Les Contemplations

Écrit par Victor Hugo dès 1830, publié en 1856, le recueilLes Contemplations est composé de 158 poèmes répartis en deux parties : « Autrefois » et « Aujourd’hui ». Chacune d’elles regroupe 3 livres :

1^re partie: «Autrefois» (1830 – 1843)

I. Aurore : Hugo nous parle de sa jeunesse, son adolescence, ses premiers écrits. Il évoque ses souvenirs de promeneur romantique.

II. L’âme en fleur: le poète consacre presque tout ce livre à Juliette Drouet: rencontre, amour, passion, désaccords, réconciliations...

III. Les Luttes et les rêves : l’écrivain décrit la misère sociale et morale de son siècle. Le livre s'achève sur la contemplation du poète et de sa fille devant les astres.

2^e partie: «Aujourd’hui» (1843 – 1856)

IV. Pauca Meae : il s’agit du livre du deuil. Sa fille, Léopoldine est morte noyée à l’âge de 19 ans. Victor Hugo oscille entre révolte, injustice, résignation. Il est inconsolable.

V. En marche: l’écrivain se tourne à présent vers les spectacles de la nature et la méditation.

VI. Au bord de l’infini: ce livre est peuplé de pensées et d’images métaphysiques. Malgré l’angoisse, l’espoir semble prendre le dessus.

Un épilogue nommé « À celle qui est restée en France » est consacré à Léopoldine.

À travers l’antithèse « Autrefois » / « Aujourd’hui », le recueil se construit autour de la mort de Léopoldine en 1843. D’ailleurs, cette date charnière est inscrite au cœur du recueil puisque les deux livres représentent chacun 13 années d’écriture.

Selon la formule même de Victor Hugo dans sa préface, le recueil Les Contemplations se présente comme « Les Mémoires d’une âme ». Ainsi, l’œuvre se veut autobiographique, 25 années de la vie d'un homme en vers. D’ailleurs, le poète organise son recueil en livres – un terme mettant bien en lumière la force du récit. Au fil de l’écriture, les poèmes rattrapent même le présent de l’écrivain puisque la 2^ème partie « Aujourd’hui » s’achève en 1856, date de la publication du recueil. 

Mais parler simplement d'autobiographie pour définir Les Contemplations serait réducteur. Toujours dans sa préface, Victor Hugo écrit : « Hélas ! Quand je vous parle de moi, je vous parle de vous. Comment ne le sentez-vous pas ? ». En effet, même si l'histoire personnelle du poète est au cœur de l’œuvre, atteignant son paroxysme dans le lyrisme des poèmes consacrés à Léopoldine à l’image de « Demain dès l’aube... », l’œuvre prend des accents universels et atemporels pour nous parler à tous.

Par ailleurs, il serait également réducteur de résumer Les Contemplations au traumatisme lié à la mort de la fille de Victor Hugo ; le recueil célèbre aussi la vie, l’enfance, les premiers émois, la beauté des spectacles de la nature retraçant au-delà du parcours d’un seul homme, le parcours de l’être humain.

Victor Hugo reste, à propos de ce titre, très énigmatique. Plusieurs interprétations sont donc possibles. En français moderne, le terme « contemplation » désigne l’attention soutenue portée généralement par le regard sur un objet digne d’admiration ou sur un concept, une idée digne d’intérêt.

Toutefois, il faut remarquer qu’à l’origine, il porte une forte connotation religieuse : « contempler » vient du verbe « contemplari » formé sur les mots latins « cum templum », « avec le temple » désignant l’observation du ciel depuis le temple. Le Christianisme s’est, par ailleurs, très rapidement emparé de ce terme.

Il faut noter aussi que Victor Hugo choisit un pluriel, Les Contemplations, toutes celles d’une vie peut-être puisque le recueil embrasse 25 années... Face à la diversité et la richesse de l’existence, Hugo nous invite à contempler les différentes étapes mêlées à la multitude d’émotions que l’homme traverse dans le temps. On peut également souligner le fait que contempler exige à la fois une prise de recul par rapport à l’objet ainsi qu’un élan vers lui proche de la communion mais que l’attitude en elle-même n’en demeure pas moins un principe romantique par excellence magnifiquement illustré par Caspar David Friedrich au début du XIX^e siècle avec son célébrissime tableau « Le Voyageur contemplant une mer de nuages ».