Retour

La littérature d’idées du XVIe siècle au XVIIIe siècle

🎲 Quiz GRATUIT

📝 Mini-cours GRATUIT

Les quatre grands types de raisonnements

Reconnaître le type de raisonnement, dans le cadre d’une argumentation, c’est comprendre les intentions du locuteur vis-à-vis de son lecteur.

  • Il est déductif quand il part d’une loi générale afin d’en déduire un cas particulier.
  • Inversement, il est dit inductif quand le cas particulier permet la déduction vers une loi générale. C’est alors l’expérience du locuteur qui valide le propos.
  • Il peut être analogique quand il passe par le rapprochement entre deux choses, deux idées.
  • Le raisonnement concessif considère l’argument adverse pour lui opposer d’autres arguments.

D’autres types existent, mais apparaissent moins fréquemment : les raisonnements par l’absurde, dialectique et critique. 
Ils peuvent être mêlés au sein d’un même discours.

Les genres de l’argumentation

Certains genres littéraires sont dits argumentatifs dans la mesure où ils défendent une ou plusieurs thèses de façons indirecte ou directe.

  • Les apologues sont de courts récits émettant une thèse ou une morale indirectement : c’est le cas de la fable (court récit imagé, La Fontaine), du conte philosophique (récit imaginaire à la structure simplifiée) et de l’utopie (représentation d’une société idéale et imaginaire proposant un modèle social).
  • L’essai, texte en prose proposant une réflexion personnelle sur des thèmes abstraits, argumente directement. Il en va de même pour le discours, la maxime (argumentation à visée universelle) et l’article de dictionnaire dont la définition d’une notion peut servir de prétexte à l’expression personnelle d’une thèse.

Les Lumières

Le XVIIIe siècle est caractérisé par un mouvement appelé « Les Lumières » qui se diffuse partout en Europe dès la fin du XVIIe siècle et qui combat la notion d’obscurantisme. Cette forte volonté d’éclaircissement est conduite par des auteurs prônant l’esprit critique et la supériorité de la raison.

Très souvent appelé « Philosophie des Lumières », ce mouvement est représentatif de deux notions qui caractérisent le XVIIIe siècle : la philosophie qui souligne la nécessité d’un idéal humain et les Lumières qui soulignent l’importance accordée à la raison, à l’esprit capables d’ « éclairer » et de guider vers la vérité.

Les Lumières s’inscrivent dans un contexte historique et politique particulier. À la mort de Louis XIV, ses successeurs, Louis XV et Louis XVI, sont confrontés à l’incapacité de trouver des réformes pour moderniser l’Etat. La monarchie fait l’objet de vives critiques et la noblesse est déterminée à conserver ses privilèges. La Révolution industrielle ayant commencé en Angleterre, la population française reste en partie paysanne. Mais l’urbanisation et l’essor du commerce colonial et international permettent à la bourgeoisie de s’enrichir considérablement. Elle rejette les privilèges accordés à la noblesse et veut absolument prendre le pouvoir.

Le XVIIIe siècle est aussi synonyme de progrès. Les sciences se développent à mesure que grandit la connaissance du monde. Des inventions sont mises au point et ouvrent la voie à la révolution industrielle à venir - machine à vapeur… Les livres et les journaux sont les principaux moyens de diffuser les idées nouvelles, même si les salons restent parmi les endroits privilégiés pour faire circuler les informations.

Les philosophes des Lumières sont les héritiers des Humanistes de la Renaissance et les successeurs de l’honnête homme du XVIIe siècle en ce qu’il recherche un idéal humain. Dans l’Encyclopédie, l’esprit philosophique est défini comme « un esprit d’observation et de justesse, qui rapporte tout à ses véritables principes, mais ce n’est pas l’esprit seul que le philosophe cultive, il porte plus loin son attention et ses soins » et le philosophe comme « un honnête homme qui veut plaire et se rendre utile ». C’est avant tout un penseur qui prône la rigueur et l’esprit critique lorsqu’il observe ce qui l’entoure. Rien n’est laissé dans l’ombre : savoir, croyances, politique et injustices. Sa principale motivation est la raison, seule à même de porter un jugement. C’est aussi un être imaginatif qui parvient à convaincre facilement en mêlant raison et sentiments. Le philosophe est aussi un auteur engagé, qui se bat contre toute forme d’injustice en exprimant des idées parfois trop hardies, ce qui lui vaut les foudres de la censure et très souvent l’exil et l’emprisonnement comme ce fut le cas pour Rousseau, Voltaire et Diderot. Il veut dénoncer les superstitions et l’arbitraire, dans l’espoir d’un avenir meilleur libéré du fanatisme, des préjugés.

Les philosophes des Lumières observent tout ce qui parait contestable dans les domaines politique, religieux et social, et c’est à partir de leurs observations qu’ils dirigent leurs critiques. Par un esprit d’examen, ils passent en revue toutes les inégalités. Ils analysent la monarchie : Montesquieu en dresse une critique acerbe dans ses Lettres persanes (1721), dans De l’Esprit des lois (1748), et Voltaire s’y attache aussi dans ses Lettres Philosophiques (1734). Le pouvoir religieux, et notamment celui du roi et du Pape, n’échappe pas à leur esprit critique. L’intolérance et le fanatisme sont vivement dénoncés. C’est, par exemple, le cas dans Candide ou l’optimisme (1759) ou dans Le Traité sur la Tolérance (1763) de Voltaire. Rousseau et Beaumarchais dénoncent une société inégalitaire et s’opposent à toute forme de privilèges. L’usage de la raison remet en question toutes les autorités, politiques, religieuses et intellectuelles.

Après avoir observé tous les phénomènes, les philosophes optent pour une méthode expérimentale. Leur démarche est essentiellement pédagogique dans la mesure où leur principale motivation est de faire réfléchir. Toutes leurs œuvres s’orientent donc vers une fonction didactique. Leurs textes sont soigneusement construits selon une logique sans faille, aboutissant à une rhétorique persuasive qui fait appel au bon sens du lecteur.

Cette démarche, propre aux Lumières, était déjà perceptible, dès la fin du XVIIe siècle chez des auteurs comme Fontenelle ou Bayle. L’esprit des Lumières est surtout caractérisé par une lutte féroce contre l’obscurantisme. Ils veulent rejeter les modes de pensée peu rigoureux dont les croyances au merveilleux, les superstitions et les traditions. Ils veulent montrer que tout ce qui a été dit n’est pas forcément la vérité même si le plus grand nombre le croit. Ils rejettent la conception selon laquelle ce qui existe depuis longtemps est ce qu’il y a de mieux. Ils veulent montrer que la monarchie dite « de droit divin » et l’hérédité sont absurdes. Ils refusent l’idée que le pouvoir soit accordé à une minorité qui ne participe en rien au progrès du siècle.

Leurs principales cibles sont tout ce qui porte atteinte à la liberté et à la raison : inégalités, injustices, préjugés, despotisme, tyrannie, fanatisme, intolérance, privilèges, esclavage, torture… Leur idéal est incarnée par une société différente régie par les valeurs suivantes : la liberté de penser, la liberté d’expression, le choix de culte, l’éducation, la foi dans le progrès, le développement économique, le bonheur…

Intitulée aussi Dictionnaire raisonné des arts, des sciences et des métiers, l’Encyclopédie réunit la somme des idées des Lumières et apparaît comme une entreprise de vulgarisation scientifique. Elle est à l’initiative de Diderot et d’Alembert aidés, dans cette immense tâche, par de nombreux collaborateurs tels que Voltaire, Dumarsais, Rousseau, Condillac, Damilaville… Elle compte 28 volumes, plus de 60 000 articles et près de 3000 planches.

Elle répond à un triple objectif : classer les connaissances, faire connaître les changements et instruire. Elle passe en revue la somme des connaissances illustrées par des planches qui permettent de toucher le plus grand nombre. Elle propose aussi une réflexion critique propre à l’esprit philosophique. Les articles sont conçus de telle sorte que, plus qu’une définition, ils deviennent des armes au service de la dénonciation. Sa conception se heurte cependant à bien des difficultés dont l’emprisonnement de Diderot en 1749 mais aussi la condamnation par les Jésuites et le Parlement de Paris de l’Encyclopédie. En 1757, elle perd le privilège royal qui l’autorise à publier. Diderot et d’Alembert finissent par mettre un terme à leur collaboration en 1758. Mais M. de Malesherbes, directeur de la Librairie royale, permet aux auteurs de poursuivre leur entreprise qui sera achevée en 1772.

L’Encyclopédie n’est cependant pas la seule œuvre représentative des Lumières : le nombre de dictionnaires augmente, les pamphlets permettent d’attaquer de façon violente les institutions et les personnages publics, les essais et certains sous-genres tels que le traité ou le discours se concentrent sur des notions qu’ils analysent de façon méthodique ; le conte est aussi mis à contribution pour sensibiliser et éveiller les consciences aux problèmes politiques, sociaux et religieux.

Le théâtre joue un rôle considérable dans cet élan contestataire : les comédies de Marivaux dressent une satire sociale et politique. Le dialogue théâtral est l’occasion pour les laissés-pour-compte (esclaves, valets…) de s’exprimer. L’épistolaire est aussi un genre privilégié dans la mesure où la correspondance permet de poursuivre des échanges d’idées amorcés dans les salons. De nombreuses lettres, adressées aux hommes politiques sont polémiques et provoquent débats et réflexion. Le roman épistolaire permet parfois un échange d’idées encore plus pertinent et, comme la lettre fictive, favorise la critique : ce choix répond à un souci de prudence pour déjouer la censure.

Les différents arguments

Les arguments sont des éléments indispensables pour soutenir ou réfuter une thèse et peuvent se présenter sous différentes formes.

  1. L’argument logique

Il adopte une démarche presque scientifique par la déduction qui se fonde sur une loi générale pour valider un fait particulier :

« Tous les hommes sont mortels, Socrate est un homme. Donc Socrate est mortel ».

Il s’agit ici d’un syllogisme puisque l’argument s’appuie sur deux propositions pour en déduire une troisième, par l’induction qui opte pour une démarche inverse à celle de la déduction.

  1. L’argument d’autorité

Il renvoie au jugement d’une personne ou d’une institution dont la valeur est incontestable : Montaigne affirme que tout homme porte en lui la forme entière de l’humaine condition. En qualité de représentant du courant humaniste, l’approche de Montaigne apparaît comme incontestable.

  1. L’argument d’expérience

Il se base sur l’observation et l’expérience d’une personne pour qui le constat est une vérité absolue : pour Victor Hugo, le poète doit mener les hommes au combat. Pour d’autres poètes, la fonction de la poésie peut être différente même si celle d'Hugo est valable.

  1. L’argument par analogie

Il rapproche une idée abstraite d’un exemple concret :

« Une classe sans professeur est un navire sans commandant ».

Les exemples doivent toutefois appuyer les arguments. Ils doivent être précis et renvoyer à des réalités concrètes. L’exemple peut être plus ou moins long, lorsqu’il est longuement développé, il peut constituer la base d’un texte argumentatif comme c’est le cas dans les fables.

La délibération

Délibérer, du latin « deliberare », « réfléchir mûrement, trancher décider », demande à considérer différents points de vue. Celui qui parle, conseille ou dissuade son destinataire pour faire adopter ou rejeter une idée. Dans l’action de délibérer, il est question de confronter différentes idées pour arriver à un jugement.

Aristote définit la délibération comme genre majeur de l’argumentation car elle demande la prise en compte de points de vue différents dans le but de prononcer un jugement.

L’historique de la délibération montre qu’elle a adopté différentes formes : débat à caractère politique dans l’Antiquité, discussion à caractère moral au Moyen Age et à caractère philosophique au XVIe siècle, dialogue dans les salons littéraires aux XVIIe et XVIIIe siècles, débat de justice ou parlementaire au XXe siècle.

Dans la littérature, la délibération est présente dans de nombreux genres :

  • le théâtre,
  • le roman,
  • la nouvelle,
  • la poésie,
  • l'essai,
  • le dialogue,
  • l'épistolaire,
  • l'apologue…

Présentée dans la plupart des cas comme une recherche de solution ou de jugement, la délibération propose des idées toujours contradictoires provenant d’un ou de plusieurs interlocuteurs à travers un monologue ou un dialogue. Dans les deux cas, les arguments et les idées progressent par étapes successives. Dans un débat d’idées, la confrontation des points de vue soumis à des contradictions et à des oppositions doit inévitablement mener à une unique prise de position.

Ainsi, dans les textes, la délibération est caractérisée par :

  • De nombreuses figures d’opposition:
    • antithèse,
    • antiphrase,
    • paradoxe,
    • oxymore.
  • Une ponctuation expressive :
    • points d’interrogation,
    • d’exclamation,
    • de suspension qui soulignent l’inachèvement des phrases.
  • Des questions rhétoriques. 

Enfin, tout peut être propice à la délibération : 

  • les sciences,
  • la philosophie,
  • les lettres,
  • l’art en général. 

Un film, un œuvre littéraire, un tableau, une sculpture, une architecture… sont autant d’éléments qui suscitent un débat.

Les cinq éléments à considérer dans un discours

L’ « inventio » (invention), la « dispositio » (disposition), l’ « elocutio » (élocution), l’ « actio » (action) et la « memoria » (mémoire) sont les cinq éléments à considérer dans un discours.

  1. L’inventio

C'est le premier des cinq éléments à considérer dans la rhétorique. Une fois le sujet défini, il importe de trouver des arguments, des preuves, des techniques de persuasion… L’inventio s’oriente dans deux directions : la recherche de preuves ou d’arguments subjectifs pour atteindre la sensibilité du locuteur et l’émouvoir. La recherche de preuves ou d’arguments objectifs qui repose sur la déduction et l’induction. Les arguments doivent alors s’adresser à l’intelligence et à la raison de l’interlocuteur.

  1. La dispositio

Elle se concentre sur la structure du discours, l'exorde qui apparaît comme l’introduction et qui a pour but de capter l’attention de l’interlocuteur en lui annonçant le plan du sujet à débattre. La narration présente les faits qui vont servir l’argumentation. C’est aussi un récit qui ouvre la voie aux arguments sur le point d’être développés. La confirmation expose les arguments et les développe. Elle constitue la partie centrale du discours. La péroraison qui fait office de conclusion et qui résume l’argumentation.

  1. L’elocutio

Elle consiste à présenter le discours de façon séduisante : adopter le meilleur style, opter pour le niveau de langue adéquat en fonction de l’interlocuteur, mettre en place un système qui joue sur les sons grâce au choix des mots, mettre en œuvre un certain nombre de figures rhétoriques telles que :

  • la métaphore,
  • l’ellipse,
  • l’anaphore,
  • l’allégorie,
  • l’antiphrase…

  1. L’actio

Elle consiste à envisager la façon dont le discours va pouvoir être mis en scène et ainsi mis en valeur par la gestuelle, les intonations en fonction de la nature des arguments :

  • un argument évoquant la tristesse nécessitera un ton souple voire monotone,
  • un argument évoquant la colère nécessitera un rythme rapide et saccadé.

  1. La memoria

C'est un élément indispensable au discours argumentatif. Le locuteur doit connaître son discours et être capable d’improviser.

Le fonctionnement du discours

Le discours est défini par une communication qui réunit un « locuteur » et un « interlocuteur », qui peut prendre différents aspects (une seule personne ou un public). L’argumentation n’est possible que s’il existe un interlocuteur. La démarche persuasive est mise en œuvre pour séduire l’auditoire.

  1. Le locuteur

La communication répond à une démarche simple : un locuteur, appelé aussi émetteur, transmet un message à un interlocuteur, appelé aussi récepteur. Le message est essentiellement verbal. Le message est transmis au moyen d’un « médium », c’est-à-dire que la façon dont est transmis le message peut varier et avoir une influence plus ou moins grande sur le message lui-même, par exemple : une lettre, un manifeste, une dissertation…

  1. L'interlocuteur

Le message transmis, c’est-à-dire ce dont on parle, renvoie à un concept propre à ce que l’on dit. Le « référent » constitue l’image mentale transmise par le message. L’interlocuteur doit être considéré comme un ensemble d’interlocuteurs différents qu’il faut influencer par l’argumentation. Il peut être un adversaire dont il faut démonter les arguments, mais peut aussi se présenter comme un partenaire dont les arguments sont à considérer. Il s’avère indispensable de bien connaître son interlocuteur pour mettre en place une stratégie argumentative, qui peut varier, dans le fond et dans la forme, selon la personne ou le public concerné.

Le discours argumentatif

La rhétorique, l’art de bien parler, naît dans l’Antiquité. Dans les démocraties antiques, les sophistes, maîtres de rhétorique et de philosophie, parcouraient les villes pour dispenser leur enseignement qui s’orientait dans quatre directions : les problèmes de la société, l’explication et le développement des idées des écrivains célèbres, l’improvisation laissant la parole à un orateur pour prouver son adresse verbale, la participation de différentes personnes soumises à tous types de questions auxquelles elles devaient répondre avec éloquence sous peine de laisser la place à d’autres. Ils proposaient un affrontement d’idées fondées sur la raison soumise à la critique. Ce qui donnera plus tard le débat.

En parallèle, se dessine l’idée selon laquelle la littérature doit répondre à des règles strictes de rhétorique. L’écrivain doit faire abstraction de ses états d’âme au profit d’un discours structuré et pertinent. Ces philosophes de l’Antiquité reprochent aussi à la rhétorique d’occulter toute morale dans le discours. Platon, dans le Critias, décrit la rhétorique comme un simple moyen de divertissement parfois injuste dans la mesure où elle se base essentiellement sur l’apparence et sur la maîtrise verbale du sophiste qui ne tient pas compte de ceux qui ne savent pas s’exprimer. Elle doit, selon le philosophe, définir les valeurs morales du bien et du mal. Aristote, lui, défend la rhétorique en tant que moyen de valoriser le bien.

Au Moyen Âge, la rhétorique connaît un certain déclin. Elle sert essentiellement à la création de sermons et nécessite une parfaite maîtrise du latin. Au XVIe siècle, la rhétorique est représentée principalement par Erasme (1469-1536) qui, grâce à son œuvre Duplici Copia Verborum et Rerum (1512), propose une analyse de la rhétorique, à savoir : considérer la forme et le fond du discours.

Au XVIIe siècle, la littérature veut bannir toute intrusion de mots dits populaires dans les textes et propose l’usage excessif de figures de rhétorique pour combler le manque de vocabulaire dû à la volonté de s’exprimer en langage soutenu. Parallèlement, l’argumentation classique laisse place à la logique. La logique est une branche de la philosophie se fondant sur un discours mathématique. La vérité et la connaissance sont régies par la démonstration, l’expérimentation.

De nombreux auteurs après Descartes (1596-1650), essentiellement au XVIIIe siècle, optent pour une démarche expérimentale dans leurs discours. Les romantiques s’imposent en détracteurs de la rhétorique classique et défendent un idéal de sincérité.

Au XXe siècle, de nombreux auteurs défendent un travail élaboré sur la langue qui doit permettre d’exprimer précisément ce que l’on veut dire. La rhétorique est aussi étroitement liée à la psychanalyse par le rapport qui s’établit entre le langage et l’inconscient qui permet à l’argumentation de se réorienter vers la recherche d’idées et non plus uniquement vers un souci de bien s’exprimer. Ainsi, la rhétorique retrouve ses fonctions originelles.

La fable

La fable, du latin « fabula » signifiant « propos et récit » est un petit récit, le plus souvent rédigé en vers, qui se termine par une morale et mêle divertissement et réflexion critique. La fable doit donc permettre de présenter une vérité morale à l’aide d’une forme plaisante.

Ses origines sont lointaines et variées : elles remonteraient dans un premier temps à l’Antiquité grecque avec l’esclave phrygien Esope (VIe siècle av. J.C.) - dont la véritable existence est contestée - qui retranscrivait sous forme de petits récits moraux des scènes de la vie quotidienne. Plus tard, le latin Phèdre (Ier siècle ap. J.C.) reprend la plupart des textes d’Esope, les récrit en vers et en compose d’autres. Les fables indiennes ont aussi beaucoup apporté au genre, plus particulièrement le Panchatantra, recueil anonyme réunissant des apologues rédigés en sanskrit aux alentours des années 700.

Au XVIe siècle, en Italie, Abstemius entre lui aussi dans le cercle des fabulistes et offre un apport considérable à ses successeurs tel que La Fontaine (1621-1695). Au IVe siècle av. J.C., Esope compose une fable en prose : « Les grenouilles qui réclamaient un roi », reprise par Phèdre au Ier siècle av. J. C. sous le titre « Les grenouilles qui demandent un roi », récrite et mise en vers par La Fontaine dans « Les grenouilles qui demandent un roi ». Les trois textes, malgré de nombreuses différences, mènent une réflexion politique propre à chaque époque et témoignent de l’influence de la tradition ancienne. Les fables puisent leurs thèmes dans les domaines publics et privés. Dans « Les animaux malades de la peste », La Fontaine s’intéresse au domaine public, celui de la cour. Dans « La Jeune Veuve », il s’intéresse au domaine privé, et plus particulièrement à celui des sentiments.

L’une des fonctions de la fable est de transporter le lecteur dans un univers imaginaire où, par un juste retour des choses, il peut s’identifier à la situation évoquée et y réfléchir. Les fables sont des récits symboliques menés chronologiquement dont les personnages sont généralement des animaux ou des humains stéréotypés qui permettent une transposition dans le monde réel. Les animaux sont chargés de signification symbolique. Ils permettent une transposition des comportements et des caractères : la cruauté est symbolisée par le loup, la ruse par le renard, la puissance par le lion, l’innocence par l’agneau. Ce symbolisme permet de décrypter le monde humain. Les personnages humains occupent aussi une place importante dans les fables ; ils incarnent les catégories types auxquelles ils appartiennent : Un Seigneur, Une veuve, Un berger, Un sage…

La construction de la fable répond à un schéma simple : situation initiale, élément perturbateur, situation finale. Elle a la particularité de comporter une moralité avant ou après le récit. Lorsqu’elle précède le récit, la morale fait office d’introduction à l’histoire relatée. Comme c’est le cas dans « La Jeune Veuve » où la morale, qui occupe les quinze premiers vers, fait office d’introduction. Les thèmes traités sont ceux de la vie sociale et politique : les abus de pouvoir, les injustices, l’hypocrisie, les conflits familiaux, la solitude, la mort, le veuvage…

L’apologue

L’apologue, du grec « apologus » signifiant « petit récit », est un récit allégorique, plus ou moins court, à visée morale. L’apologue est à rapprocher essentiellement de la fable et du conte, même s’il est présent dans d’autres genres comme le roman et la nouvelle ou encore le théâtre.

Concernant la nouvelle, l’exemple le plus probant reste le Décaméron (1349-1353) de Boccace (1313-1375) dont Marguerite de Navarre (1492-1549) s’inspirera plus tard pour rédiger son Heptaméron (commencé en 1516), pour la valeur morale de leurs récits.

La fonction première de l’apologue est de divertir au moyen d’un récit plaisant censé susciter la curiosité du lecteur et de livrer un enseignement essentiellement moral. L’apologue se caractérise par :

    1. Sa forme brève, en prose ou en vers, accompagnée d’une moralité plus ou moins explicite qui doit conduire le lecteur à réfléchir. Cette morale est clairement exprimée dans les fables, mais reste souvent implicite dans les contes, même si, dans de nombreux contes de Perrault (1628-1703), les récits sont suivis de deux moralités.

    2. Un récit qui permet à l’auteur de défendre ses idées. Dans son conte philosophique, Candide ou l’optimisme (1759), Voltaire critique la théorie de l’optimisme et dénonce, entre autres, le fanatisme religieux et l’esclavage.

    3. Un récit plaisant qui transporte le lecteur tout en le conduisant à mener une réflexion sérieuse. Ainsi, dans Histoire des oracles (1687), et plus particulièrement dans le passage consacré à « la dent d’or », Fontenelle (1657-1757) met en œuvre l’art de l’apologue pour dénoncer les superstitions et la croyance aveugle au merveilleux.

L’apologue a une valeur ludique et didactique (récit et moralité) et peut aussi avoir une fonction critique, voire polémique. C’est un genre historiquement ancien qui remonte à l’Antiquité et plus précisément à Platon. On peut d’ailleurs estimer que l’apologue est plus ancien encore puisqu’il endosse une dimension religieuse à travers la parabole, c'est-à-dire en transmettant une morale au travers d’un vécu : l’apologue peut faire admettre un dogme comme c’est le cas dans les Évangiles.

L’honnête homme au XVIIe siècle

L’honnête homme, du latin « honestus » signifiant « honorable », se doit d’incarner l’idéal classique. Il est caractérisé par le refus de tout excès, guidé par la raison.

Cette conception de l’homme se retrouve inévitablement dans les textes où il apparaît capable de maîtriser ses sentiments et ses émotions pour mieux s’adapter au monde dans lequel il évolue. Il se montre aussi cultivé et ouvert d’esprit, ce qui lui permet d’exceller dans l’art de la conversation, en toute simplicité, s’opposant ainsi à la figure du pédant. C’est un homme de cour qui détient de nombreuses qualités sociales lui permettant de plaire.

Cet art de plaire est une constante de la société et de la littérature de l’époque. Il s’agit, au même titre que les textes classiques, de plaire et d’instruire à la fois.

L’idéal classique et l’honnête homme sont pratiquement indissociables dans la mesure où tous deux s’imposent en modèles pour perdurer dans le temps.

Les connecteurs

Appelés connecteurs logiques, ils permettent d’articuler les différentes étapes de l’argumentation et de mettre en évidence la relation logique établie entre les arguments en vue de la conclusion.

Ils peuvent être classés selon une fonction précise : 

  • L’opposition :
    • mais,
    • en revanche,
    • cependant,
    • au contraire,
    • or,
    • néanmoins,
    • toutefois,
    • par ailleurs.
  • La succession :
    • d’abord,
    • puis,
    • ensuite,
    • de plus,
    • en outre,
    • enfin.
  • La concession :
    • bien que,
    • quoique,
    • malgré,
    • encore que.
  • La cause :
    • car,
    • parce que,
    • puisque,
    • étant donné que.
  • La conséquence :
      • donc,
      • ainsi,
      • si bien que,
      • de sorte que,
      • c’est pourquoi.

    Les sous-genres de l’essai

    Le genre de l’essai peut se subdiviser en plusieurs autres genres.

    1. Le pamphlet

    Le pamphlet se présente sous la forme d’un récit court à visée critique ou satirique, plutôt bref dont la violence du style permet d’attaquer une institution ou un personnage public.

    Exemple :

    • De l’Esprit des Lois, XV, 5 (1748) de Montesquieu (1689-1755) où l’auteur attaque la thèse esclavagiste.
    1. Le traité

    Le traité est un texte didactique à dominante démonstrative et porte sur l’analyse d’un sujet précis.

    Exemple :

    • Le Traité sur la peinture de Léonard de Vinci (1452-1519) dans lequel l’artiste propose un exposé technique sur la peinture ;
    • Le Traité sur la tolérance (1763) de Voltaire (1694-1778), dans lequel le philosophe dénonce l’injustice et le fanatisme.
    1. Le discours

    Proche du traité, le discours est aussi un genre à visée didactique.

    Exemple :

    • Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes (1755), essai philosophique dans lequel Rousseau s’interroge sur les fondements de la civilisation.
    1. Le manifeste

    Le manifeste est un texte qui constitue une déclaration dans laquelle des personnes présentent leurs objectifs.

    Exemple :

    • Manifeste du Futurisme (1909) où l’auteur, Marinetti (1876-1944), présente la démarche artistique, littéraire, philosophique et politique du Futurisme.
    1. La lettre

    La lettre, généralement adressée à un destinataire réel que l’on veut convaincre, est souvent propice au débat dans la mesure où elle implique une réponse. Elle peut aussi prendre la forme d’une lettre ouverte, publiée, qui s’adresse ainsi au plus grand nombre.

    Exemple :

    • "J’accuse" de Zola (1840-1902), lettre adressée au président Félix Faure, publiée le 13 janvier 1898 dans le journal L’Aurore, pour dénoncer l’injustice concernant l’ « Affaire Dreyfus ».
    1. La préface

    La préface, placée au début d’une œuvre, permet à l’auteur de défendre ou de présenter ses choix d’écriture.

    Exemple :

    • Préface de Pierre et Jean (1888) de Maupassant (1850-1893), dans laquelle l’auteur expose les grandes lignes de l’écriture réaliste.

    Le conte

    Proche de la fable, le conte vient d’une tradition orale et populaire. Il se définit comme un récit merveilleux et très souvent extraordinaire. Il témoigne d’une grande simplicité dans l’écriture mais s’avère riche de symboles à décrypter.

    Tout comme la fable, le conte est construit selon le même schéma : état initial, élément perturbateur, déséquilibre et état final. De plus, la schématisation des personnages rappelle également ceux des fables : ils évoluent dans un contexte merveilleux et s’inscrivent dans une temporalité mal définie, même si la plupart des contes se situent dans un contexte médiéval.

    Cependant, ce type de récit connaît quelques variantes : le conte traditionnel ou le conte merveilleux, le conte philosophique, et plus tard le conte fantastique et le conte gothique.

    1. Le conte traditionnel est certainement le plus connu de tous. Au départ, il s’agit d’une histoire racontée oralement où la magie, les fées, les sorcières et les hommes sont mis en relation, où les animaux sont dotés de parole et dialoguent avec les humains qui, comme les objets, peuvent se métamorphoser. Par ailleurs, appelés aussi contes de fées, ces récits mettent en scène des femmes dotées d’un pouvoir magique, tantôt bénéfique, tantôt maléfique. Elles endossent alors un rôle particulier, incarnant une conscience morale, un jugement divin qui met à l’épreuve le libre arbitre des personnages, récompensés ou punis selon leurs actions vertueuses ou mauvaises. Le succès des contes n’est pas un phénomène essentiellement occidental. Les contes orientaux et notamment les Mille et Une Nuits ont considérablement influencé ce genre. En Europe, le conte merveilleux rencontre un grand succès. Ces récits anonymes sont rassemblés, dès le XVIIe siècle, par Charles Perrault. Au XIXe siècle, ils sont repris en Allemagne par les frères Grimm et au Danemark par Hans Christian Andersen (1805-1875), le créateur de la Petite Sirène.

    2. Le conte philosophique emprunte, dans sa forme, les caractéristiques du genre traditionnel. Dans Candide de Voltaire, les marques du genre sont présentes dès le chapitre I – « Il y avait en Westphalie, dans le château de Monsieur le Baron de Thunder-Ten-Tronckh… » -, ce qui rappelle la formule « il était une fois » des contes traditionnels, le pays lointain et le château. À travers le merveilleux qu’il met en scène, le conte soulève une réflexion critique.

    Dans la veine de l’esprit du XVIIIe siècle, le conte sert à remettre en cause les institutions, à critiquer la tradition et à dénoncer les abus. Le conte devient une arme de contestation pour les philosophes des Lumières. La temporalité n’est pas clairement donnée. « Il y avait », « Au temps de » inscrivent l’action dans un temps ancien, imprécis, mais les caractéristiques évoquées renvoient souvent à l’époque de l’auteur : dans Candide, le démonstratif « icelui » présent dans le titre du chapitre laisse penser que l’action du conte se situe dans une temporalité lointaine, toutefois les références faites à la religion, à l’aristocratie et à la théorie de l’optimisme se rapportent à l’époque de Voltaire. L’auteur propose aussi des décors merveilleux qui revêtent une dimension symbolique : l’Eldorado renvoie à la notion d’utopie.

    De plus, les récits exotiques étant à la mode au XVIIIe siècle, le conte philosophique répond à ce critère : la plupart des contes se situe dans des contrées lointaines tel que l’Orient - Zadig (1747), L’histoire d’un bon bramin (1759), La Princesse de Babylone (1768).

    Par ailleurs, les personnages renvoient à ceux des contes traditionnels : ce sont des personnages stéréotypés, décrits de façon lapidaire et toujours confrontés à des épreuves. Leur nom renvoie généralement à un trait physique ou de caractère. Candide fait référence à la candeur, la naïveté du héros ; Pangloss (du grec « pan » signifiant tout et « glossa », la langue) est celui qui est « tout en langue », qui ne fait que parler ou qui parle pour ne rien dire…

    Mais le conte philosophique est surtout une arme au service de la contestation. Toutes les marques du genre traditionnel sont au service de la réflexion critique. Tous les événements, toutes les péripéties se rapportent à la société du XVIIIe siècle : guerres, intolérance, fanatisme, esclavage, torture, problèmes politiques et sociaux… Dans L’Ingénu (1767), Voltaire se penche sur le comportement contestable des hommes d’Eglise, sur l’injustice. Les personnages sont aussi mis au service de la contestation puisqu’ils évoquent les grands thèmes propres au siècle : Zadig ou la Destinée, Candide ou l’Optimisme… Les contes philosophiques mettent en œuvre un grand nombre de procédés rhétoriques pour toucher davantage le lecteur : ironie, antithèse hyperbole… qui permettent de saisir, sous l’apparence merveilleuse du conte, une dénonciation des tares de la société.

    L’humanisme, une nouvelle image de l’homme

    L’humanisme, du latin « humanitas », renvoie à « la culture générale de l’esprit ». Ce terme est utilisé au XIXe siècle pour qualifier le cercle de penseurs de la Renaissance qui se sont tournés vers les textes antiques pour « relever la dignité de l’esprit humain et le mettre en valeur ».

    L’humanisme est un mouvement littéraire européen né en Italie dès le XVe siècle, grâce à son essor intellectuel et artistique considérable. Il se caractérise avant tout par le rejet du Moyen Age, une grande admiration pour l’Antiquité et une foi en l’homme. L’émergence de ce courant culturel s’explique par un contexte politique et social particulier, mais aussi par l’influence de l’Italie et de son art. Vers la moitié du XVIe siècle, des érudits commencent à s’interroger sur la véritable place de l’homme dans l’univers. Réfugiés en Italie après la chute de Constantinople, ils s’intéressent aux textes anciens, les traduisent et les commentent. Sources de sagesse nouvelle, les auteurs antiques apparaissent comme des modèles que les humanistes veulent étudier. La culture antique apparaît alors comme le seul moyen de reconsidérer la place de l’homme.

    Ce désir de tout remettre en question s’étend à différents domaines : la pédagogie, la politique, la religion et l’art.

      1. Sur le plan pédagogique, le constat d’une formation inadaptée à l’homme conduit les humanistes à rechercher de nouveaux contenus et de nouvelles méthodes. On rejette le rigorisme de la scolastique médiévale. La formation de l’homme doit se faire dès le plus jeune âge pour qu’il accède à une culture des plus complètes. Elle doit englober tous les domaines : les lettres, les langues, les sciences, la religion, la morale, sans oublier les disciplines physiques. Elle doit conduire à une compréhension parfaite et au développement d’un esprit critique. On privilégie aussi un enseignement par la douceur.

      2. Sur le plan politique, les humanistes s’interrogent sur une société idéale dans laquelle tout fonctionnerait en harmonie, une sorte de modèle politique et social. Tandis que Platon avait déjà, dans son discours du Critias, évoqué l’Atlantide comme un monde imaginaire et parfait, l’humaniste anglais Thomas More rédige, en 1516,. Les humanistes comptent sur les qualités humaines pour rendre la société meilleure. Ils refusent aussi toute forme de guerre offensive au profit de la guerre défensive à condition qu’elle se fasse sous le signe de la loyauté. Ils soulignent l’importance des voyages qui ouvrent l’esprit et contribuent à l’enrichissement intellectuel de l’homme. Ils condamnent l’attitude des conquistadors face aux civilisations primitives qui apparaissent, elles aussi, comme sources d’enrichissement intellectuel et moral.

      3. Sur le plan religieux, contrairement à la pensée médiévale qui voyait dans l’homme un être corrompu par le péché, les humanistes tentent de concilier philosophie antique et christianisme afin de donner de l’homme l’image d’une créature fondamentalement bonne. Les humanistes, pour la plupart des chrétiens, ne rejettent pas pour autant la religion. Ils critiquent cependant l’Église et ses abus de pouvoir. Ils veulent reprendre tous les textes à la base, y compris les textes sacrés, refusant le monopole de l’Église et ses commentaires, ce qui est aussitôt condamné. Se définissent alors deux groupes : celui restant fidèle à l’Eglise de Rome et l’autre rejoignant le protestantisme.

      4. Sur le plan artistique. L’Italie influence toute l’Europe. L’art du XVIe, tout comme l’humanisme, s’oriente dans deux directions : l’homme et l’Antiquité. L’intérêt pour l’anatomie humaine devient une des constantes de la peinture et de la sculpture qui offrent une représentation réaliste du corps humain (ce qui est valable aussi en poésie). Comme les penseurs, les artistes s’intéressent de près à l’Antiquité pour en adopter les critères de beauté. L’art se doit d’imiter la nature. C’est dans cet esprit que naissent de nouvelles techniques telles que la perspective que l’on attribue volontiers au peintre italien Andrea Mantegna. Les sujets ne sont plus essentiellement religieux mais aussi profanes désormais et étroitement liés aux thèmes de l’Antiquité et de la mythologie, comme c’est le cas pour La Naissance de Vénus ou Le Printemps de Botticelli.

    L’essai

    L’essai est un genre littéraire caractérisé par une littérature en prose, argumentative où la présence de l’auteur est nettement marquée par l’utilisation de la première personne. Dans son essai intitulé L’Éducation des filles (1933), François Mauriac (1885-1970) utilise la première personne et fait référence à son expérience personnelle de père pour réfléchir sur le problème.

    L’essai utilise le plus souvent une écriture personnelle à travers laquelle l’auteur livre une réflexion, voire ses impressions. Dans De l’Éducation des filles (1727), Fénelon (1651-1715) apporte son jugement en critiquant l’éducation donnée aux filles et aux garçons. Il en vient même à accuser les mères de négligence et d’ignorance face à la façon d’éduquer leurs filles.

    Les sujets traités sont essentiellement d’ordre philosophique, moral, politique, artistique et parfois religieux. On considère que c’est Montaigne (1533-1592) qui crée le genre en intitulant son œuvre Essais. Ses Essais sont composés de 107 chapitres répartis en trois livres qui suivent le cheminement de la pensée et embrassent toutes les préoccupations humaines. Le travail de l’essayiste rejoint celui de l’homme sur lui-même. Il condamne tout ce qui constitue une atteinte à l’intégrité humaine. Il analyse les faiblesses de la nature humaine et ses imperfections. Il mène une réflexion sur la formation possible de l’homme : la pédagogie - dans le chapitre I, par exemple, il s’interroge sur une nouvelle conception de l’instruction pour les enfants -, les voyages : il propose une réflexion sur ce qu’apportent les voyages, sur la confrontation des civilisations, sur la notion de barbarie.

    Par la suite, le genre se développe et l’auteur prend de plus en plus position et défend des théories. Les Pensées (1670) de Pascal (1623-1662) qui défend la foi chrétienne en dénonçant ce qui nuit à la raison ; l’imagination, en proposant une image de la condition humaine et de l’homme sans Dieu, perdu entre deux infinis. Emile ou de l’Education (1762) de Rousseau (1712-1778) propose une réflexion et un modèle d’éducation à travers cinq livres correspondant aux cinq étapes de l’évolution d’Emile. Ecrits sur l’Art (1855) de Charles Baudelaire (1821-1867), essai dans lequel Baudelaire s’impose en critique d’art et en observateur des évolutions de son époque. Il expose aussi une conception personnelle des différents peintres et différents tableaux qu’il évoque. Dans le Deuxième sexe (1949), Simone de Beauvoir (1908-1986) expose sa thèse féministe. Elle y dénonce la condition des femmes, leur éducation : « On ne naît pas femme, on le devient », mais aussi la supériorité de l’homme dans la société. Elle veut définir un portrait de la femme libérée et indépendante.

    L’auteur s’efforce, à travers l’essai, de convaincre ses destinataires du bien-fondé de ses positions. Montaigne, dès le début des Essais, s’adresse directement à son lecteur, en le nommant et en le tutoyant pour exposer ses raisons d’écrire :

    « C’est ici un livre de bonne foi, lecteur. Il t’avertit dès l’entrée que je ne m’y suis proposé aucune fin que domestique et privée ».

    Il propose aussi une délibération sur un sujet qu’il veut éclairer différemment. Dans la partie des Essais intitulée « Des cannibales », Montaigne veut faire réfléchir sur la notion de civilisation :

    « Chacun appelle barbarie ce qui n’est pas de son usage ».

    Il invite ainsi son lecteur à considérer différents points du vue.

    Un essai peut refléter la subjectivité de son auteur qui apparaît à travers un lexique plus ou moins mélioratif. Certains auteurs considèrent l’essai comme le moyen de mettre à l’épreuve leurs pensées et de vérifier leur pertinence. Le genre apparaît alors comme une démarche de recherche intellectuelle.

    Nomad+, Le pass illimité vers la réussite 🔥

    NOMAD EDUCATION

    L’app unique pour réussir !