Seuls le portugais et le polonais présentent des voyelles nasalisées en dehors du français. En effet, la nasalisation est un phénomène français qui se rencontre entre le XIe siècle et le XIVe siècle. Elle ne concerne que les voyelles ou diphtongues qui sont accompagnées d’une consonne nasale (m, n et n̮). C’est en se fermant trop tôt, lors de l’émission de la voyelle, que le voile du palais provoque l’évacuation de l’air par le nez. Cette nasalisation atteint d’abord les voyelles les plus ouvertes, mais aussi les syllabes toniques et fermées avant de toucher les voyelles les plus fermées et les syllabes ouvertes ou initiales de mot, dans la mesure où ce phénomène présente une influence ouvrante sur la voyelle. Au VIIe siècle, la voyelle tend à se fermer d’un degré.
L’articulation de la nasale est nettement marquée en ancien français qui prononce la voyelle nasalisée et la consonne nasale, tandis que le français moderne ne laisse entendre que la voyelle nasalisée.
Ce n’est que tardivement, entre le XVIe et le XVIIe siècle, que survient la dénasalisation qui favorise le maintien d’un seul des deux phonèmes : la voyelle se dénasalise dans le cas d’une consonne explosive (consonne à l’initiale de la syllabe), mais est conservée dans la graphie en français moderne. Le doublement de la consonne (-nn- et -mm-) en français moderne s’explique, en outre, par la transcription du tilde et de la nasalisation par les copistes de l’époque médiévale.
A contrario, la voyelle conserve sa nasalisation au détriment de la consonne implosive (consonne en finale de syllabe) qui, dès lors, disparaît. La voyelle subit, dans ce dernier cas, un allongement compensatoire. Cette dénasalisation entraîne également le jeu d’alternance dans la prononciation du masculin et du féminin (partisan/partisane).
Ainsi, le français moderne ne compte-t-il plus que 4 voyelles nasalisées : ã qui correspond à la graphie an, en ou em ; ẽ à la graphie in, ein, ain et yẽ et wẽ successivement aux graphies ien et oin ; œ̃ à la graphie un et õ à celle de on.