La fonction première de la poésie selon Victor Hugo est d’être utile pour le peuple.
« Le poète n’est plus un rêveur en marge de la société et de ses écueils. […] C’est un homme actif qui agit par la poésie, qui vit dans une époque donnée avec ses espoirs et ses désillusions. […] Il est capable d’exprimer ses angoisses, ses douleurs comme le commun des mortels ».
Le poète est certes un homme, mais c’est aussi un père, un fils qui, comme tous, éprouve des sentiments. Victor Hugo, en composant le poème « Demain, dès l’aube » pour exprimer sa souffrance suite à la mort accidentelle de sa fille Léopoldine, a pu retranscrire la douleur de tous les pères. « Le poète est donc l’interprète des joies et des douleurs des hommes, il est la voix de l’humanité », l’« écho sonore », selon Hugo.
« Il parle au nom de tous au travers de son art, pour dire ce que les autres ne savent ou ne peuvent dire. »
Dans « La Fonction du poète », Hugo présente le poète comme un prophète, comme un guide, mais surtout comme un être qui se doit d’agir dans les moments difficiles. La poésie peut revêtir une fonction politique et critique qui mue le simple poète en auteur engagé. Le plus souvent, dans un contexte historique ou politique complexe :
- guerres de religion,
- transformations politiques,
- guerres mondiales,
- occupation,
- déportation…
Le poète souhaite exhorter les hommes à combattre l’injustice. Les vers qu’il compose sont destinés à dénoncer les injustices et faire réfléchir. Le poète veut changer le monde et la poésie devient dès lors un acte et non plus seulement l’expression lyrique du moi poétique : elle est investie d’une fonction didactique.
Dès le XVIe siècle, Marot dresse une satire acerbe de la justice dans « L’Enfer ». Les procès liés aux problèmes religieux sont symbolisés par des serpents. La poésie devient alors une arme pour dénoncer les guerres de religion qui opposent catholiques et protestants au XVIe siècle dans « Continuation du Discours des Misères de ce temps » (1562) où Ronsard s’adresse à Catherine de Médicis. Agrippa d’Aubigné (1552-1630), dans Les Tragiques, expose lui aussi le martyr des protestants.
Dans Les Châtiments, Victor Hugo dénonce la fourberie de Napoléon III et met tout en œuvre pour réveiller le peuple endormi. Rimbaud s’inspire des paysages dévastés par la guerre franco-prussienne pour composer son sonnet « Le Dormeur du val », qui témoigne de sa volonté de dénoncer la guerre, sans violence, par un appel à la sensibilité et à l’imagination.
Au XXe siècle, les guerres donnent lieu à de nombreux écrits poétiques qui dénoncent leur absurdité et les ravages qu’elles ont causés. L’occupation nazie est vivement combattue par ceux que l’on appelle les poètes de la Résistance, parmi lesquels on compte Éluard (1895-1952), Aragon (1897-1982) et Desnos (1900-1945). Sous l’occupation, Desnos compose un poème intitulé « Demain » pour témoigner de la vie dans la clandestinité, mais aussi de l'espoir. Engagé dans la Résistance, Paul Éluard écrit un poème singulier intitulé « Liberté », composé de vingt-et-un quatrains et qui se termine par le mot éponyme du poème : Liberté.