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Le cas des diphtongaisons spontanées

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Le cas des diphtongaisons spontanées – Partie 1

Tout d’abord, une diphtongaison se définit comme un groupe de deux voyelles appartenant à la même syllabe, prononcées en une seule émission de voix. Toutes les voyelles libres accentuées peuvent se diphtonguer sous l’influence de l’accent d’intensité, à l’exception du i long et du u long. Après s’être allongée, la voyelle est segmentée en deux éléments vocaliques dont le premier porte l’accent (diphtongue décroissante) et se distingue du second par le degré d’aperture vers le IIe–IIIe siècle. Cela aboutit à la formation d'une diphtongaison dite spontanée.

La diphtongaison a alors lieu vers le IIIe s.–IVe s. pour le é et le o brefs accentués : ce sont les diphtongaisons dites romanes : après l’étape de la segmentation au IIe s. (ĕ ou ae > ẹ́ę et ǫ > ǫ́ǫ), survient, au IIIe s., la différenciation qui conduit à la fermeture de la première voyelle (ẹ́ę > íę et ǫ́ǫ > úǫ) avant la fermeture de la première voyelle de la diphtongue ainsi obtenue :

ĕ́ ou áe > IIe s. ẹ́ę > IIIe s. íę
ŏ́ > ǫ́ > ǫ́ǫ > úǫ

L’écart d’aperture se réduit ensuite par la fermeture du deuxième élément vocalique vers le VIIe siècle, par assimilation d’aperture (íe/úe), avant le basculement de l’accent sur la deuxième voyelle, qui conduit à la consonnification de la première et donc à la disparition de la diphtongue (yé/ ẅœ̣́) vers le XIIe siècle. La loi de position, au XVIIe s., ouvre le deuxième élément uniquement devant une consonne articulée.

Ainsi, l’évolution de la diphtongaison romane suit le schéma suivant à partir du VIIe siècle :

  • VIIe s. íę >íẹ > XIIe s. yẹ́ > XVIIe s. yẹ́ / yę́ avec un é fermé ou ouvert devant une consonne articulée ;
  • VIIe s. úǫ > úọ > XIIe s. úẹ > üœ̣ > XIIIe s. ẅœ̣́ > œ̣́ (disparition du ü après sa consonnification) > XVIIe s. œ̣́ ou œ̨ devant une consonne articulée (loi de position).

Le cas des diphtongaisons spontanées – Partie 2

Pour les voyelles e long/óe/í bref accentués et le ó long/u bref accentués, il s’agit d’une diphtongaison dite française, car la différenciation d’aperture se produit plus tardivement au VIe siècle :

ḗ /óe/ ĭ́ > ẹ́ > ẹ́ẹ́ > ẹ́i̯
ṓ / ŭ́ > ọ́ > ọ́o > ọ́u̯

Puis, à la suite de la différenciation du point d’articulation et assimilation réciproque d’aperture au XIIe s. (ẹ́i̯ > ọ́i̯ / ọ́u̯ > ẹ́u̯), le basculement de l’accent pour l’évolution de la diphtongue ọ́i̯ aboutit à la consonnification du premier élément de diphtongue (wẹ́ > wę́ qui s’ouvre en wá), mais pour la diphtongue ẹ́u̯, il y a une assimilation de mode d’articulation (œ̣u̯) qui se réduit par effacement du deuxième élément (œ̣) entre le XIe et le XIIIe siècle avant de s’ouvrir en œ̨, selon la loi de position, devant une consonne articulée.

Dans le cas de l’évolution du é long > wẹ́ > wę́ > wá au XIIIe siècle, certains mots ou temps (imparfait ou conditionnel) présentent une réduction de wę́ > ę́ dès le XVIIe siècle (la graphie ai correspondante a été instituée par l’Académie française au XIXe siècle).

Quant à la voyelle a, elle tend à se segmenter (> aa), puis à évoluer au VIe siècle en fermant le deuxième élément (aę) par différenciation d’aperture avant de se monophtonguer en ę ouvert dès le VIIe siècle, sauf devant une consonne nasale (aę >ai qui se nasalise en A. F.), et de se fermer en ẹ fermé au XIe siècle. Dans ce cas-ci, la loi de position s’applique également au XVIIe siècle devant une consonne articulée.

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