Si
Breton a vu en Apollinaire un précurseur du surréalisme, c’est que sa poésie, à
bien des égards, relève de la modernité.
L’écriture y est résolument novatrice : du vers
libre au monostique de « Chantre », les textes d’Alcools promeuvent la nouveauté comme source de libération
formelle. De même, les thèmes du recueil exaltent la discontinuité et refusent
la symétrie, la belle organisation : l’ancien et le moderne se côtoient,
la gaieté et l’amertume, l’emprisonnement et la libération. Enfin, comme le
fera Desnos, Apollinaire réinvente le lyrisme par l’incantation, seule
susceptible de bouleverser l’équilibre de toute chose comme dans « Nuit
rhénane » où la voix du poète fait naître « sept femmes » et des
« fées aux cheveux verts ». La parole devient visions et merveilles.