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Baudelaire, Les Fleurs du Mal

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Baudelaire (1821-1867)

  •  Renvoyé du lycée Louis-le-Grand en 1839, Baudelaire commence une vie de bohème. Placé sous tutelle en 1842 pour avoir dilapidé son héritage paternel, il doit gagner sa vie comme journaliste et critique d’art.
  • Baudelaire est le traducteur des œuvres d’Edgar Allan Poe.
  • Les Fleurs du mal, recueil de poésies majeur paru en 1857, est condamné « pour outrage à la morale publique et aux bonnes mœurs ». Une nouvelle édition est produite 1861, d’où sont supprimés six poèmes conformément au jugement prononcé.
  • Baudelaire s’éteint en 1867, à l’âge de quarante-six ans, des suites de la syphilis, de l’abus d’alcool et autres drogues.

Composition et publication des Fleurs du mal

Le recueil Les Fleurs du mal est le seul de Baudelaire. Dès 1851, l’écrivain en publie des extraits. Composé de 100 poèmes répartis en 5 sections lors de sa première publication en 1857, le recueil est condamné quelques semaines après sa parution pour offense à la morale publique et aux bonnes mœurs.

Six poèmes sont censurés : « Les Bijoux », « Le Léthé », « À celle qui est trop gaie », « Lesbos », « Femmes damnées » et « Les Métamorphoses du vampire ». Quant à Baudelaire, il se voit contraint à verser une amende importante.

En 1861, paraît la dernière édition corrigée par Baudelaire tenant compte du jugement et agrémentée de nouveaux poèmes : désormais, le recueil se compose de 126 poèmes réorganisés en 6 sections :

  • « Spleen et Idéal »,
  • « Tableaux parisiens »,
  • « Le Vin »,
  • « Fleurs du mal »,
  • « Révolte »
  • et « Mort ».

« Le Vin » ne comporte que 5 poèmes ;

« Révolte » 3 seulement.

Avec 85 poèmes, « Spleen et Idéal » constitue donc la section la plus importante. Chez les romantiques, ce mot anglais désignait l’ennui, la mélancolie, le sentiment de vague tristesse qui découlait du mal du siècle. Avec Baudelaire, le spleen dépasse le cadre générationnel pour marquer une lassitude existentielle pouvant aller jusqu'à un dégoût même de la vie. Quand l’âme ne sombre pas dans le spleen, elle se tourne alors vers l’Idéal, c’est-à-dire la perfection.

Une œuvre à la croisée de divers mouvements

Avec Les Fleurs du mal, Baudelaire annonce les poètes de la fin du siècle comme Rimbaud ou Mallarmé. Même si son écriture poétique respecte largement les règles classiques puisque le recueil se compose principalement de sonnets et d’alexandrins, son goût pour la provocation et le macabre ainsi que la diversité des sujets abordés – car ce serait un grand tort de réduire Les Fleurs du mal à la thématique du mal seul – font de ce recueil un ouvrage résolument moderne à la croisée de mouvements littéraires comme le Romantisme, le Symbolisme et le Parnasse.

Héritier du Romantisme dont le recueil porte les accents jusque dans le lyrisme d’un « je » dévoilant son dégoût même de l’existence, le poète a également été tenté quelques temps par la conception de l’idéal parnassien pourtant aux antipodes de ce lyrisme si présent dans le recueil. Formé autour de Théophile Gautier à qui Baudelaire dédie Les Fleurs du mal, le Parnasse prône la beauté avant toute chose, « l’Art pour l’Art ». D’ailleurs, le poème de Baudelaire intitulé « La Beauté » illustre parfaitement les aspirations parnassiennes.Quant au symbolisme, représentant un important mouvement littéraire de la fin XIXe, il est déjà pressenti chez Baudelaire à travers des poèmes comme « Correspondances » ou « Harmonie du soir ».

Alchimie poétique : la boue et l’or

Après avoir songé intituler son recueil successivement « Les Lesbiennes » en référence à la poétesse grecque Sapho puis « Les Limbes », Les Fleurs du mal s’impose : l’oxymore contenu dans le titre du recueil met, d’ailleurs, parfaitement en lumière le projet baudelairien. A la fin de l'épilogue prévu pour l’édition des Fleurs du mal de 1861, Baudelaire avait envisagé d’écrire : « Car j’ai de chaque chose extrait la quintessence / Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or. »

À l’instar des alchimistes au Moyen Âge qui rêvent de transformer le plomb en or, Baudelaire cherche à extraire la beauté du mal, c’est-à-dire transfigurer grâce à l’écriture poétique, la souffrance physique, mentale ou métaphysique. Comme dans le poème intitulé « Une Charogne », Baudelaire associe avec ironie beauté et laideur. La provocation, le défi, l’originalité font partie intégrante du projet baudelairien. Il s’agit, grâce aux Fleurs du mal, de renouveler les images poétiques.

Pour lutter contre le spleen qui le consume, sa quête d’idéal ignore les mentalités bien pensantes et fait voler en éclat les normes comme les deux derniers vers de « Voyage » le mettent en lumière : « Plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel, qu’importe ? / Au fond de l’Inconnu pour trouver du nouveau ».

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