Le terme autobiographie, écriture de sa vie par soi-même, apparaît dans la langue française assez tardivement, au XIXe siècle. Issu du grec : auto, soi-même ; bios, vie ; graphè, écriture, il prend le sens d’écriture de soi-même sur sa propre vie. Au sens strict, l’autobiographie est « un récit rétrospectif en prose qu’une personne réelle fait de sa propre existence, lorsqu’elle met l’accent sur sa vie individuelle, en particulier sur l’histoire de sa personnalité ». Si l’emploi du « je » est majoritaire, on peut rencontrer l’usage du « tu » (Nathalie Sarraute, Enfance, 1983 ; Charles Juliet, Lambeaux, 1995) et de la 3e personne (Marguerite Yourcenar, Souvenirs pieux, 1974 ; Marguerite Duras, L’Amant de la Chine du Nord, 1991).
Instrument privilégié de la connaissance de soi, le récit se veut rétrospectif, alors que, dans le journal intime, il se fait au jour le jour. La mémoire en est la clé comme dans le Je me souviens (1978) de Georges Perec (1936-1982), égrainant 480 souvenirs commençant tous sauf un par la formule rituelle : « Je me souviens ». L’autobiographie se distingue des mémoires en ce que, dans ceux-ci, l’attention ne se centre pas sur le moi, mais sur une époque, comme dans les chroniques. Enfin, l’autobiographie implique un projet global, qui la distingue d’un simple livre de souvenirs.
C’est le critique Philippe Lejeune (1938-) qui définit ce genre et ses caractéristiques dans Le Pacte autobiographique (1975). Il pose, au fondement de ce genre littéraire, l’identité de trois instances fusionnées par l’emploi du pronom personnel « je » : l’auteur, le narrateur, le personnage. Toute écriture de soi qui engage un auteur réel a son double fictif au sein du récit. À cette première caractéristique, s’ajoute celle d’un pacte, tacite ou explicite, entre le narrateur et le lecteur, garantissant l’authenticité du récit, la sincérité de l’auteur, l’identité même de l’auteur, du narrateur et du personnage. Dans une autobiographie, l’auteur s’engage à dire la vérité et à la dire sur lui-même. Ainsi, au commencement des Confessions (1782), Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) s’adresse, au lecteur, puis à Dieu pour déclarer : « Je me suis montré tel que je fus : méprisable et vil quand je l’ai été ; bon, généreux, sublime, quand je l’ai été : j’ai dévoilé mon intérieur tel que tu l’as vu toi-même ».