Le XIXe siècle avec Hugo, Sand, Sue, Bourget, Barrès met en place les caractéristiques du roman à thèse. Victor Hugo, dans Le Dernier jour d’un condamné (1829), fait un plaidoyer politique pour l’abolition de la peine de mort. George Sand, de même, est une écrivaine très sensible à la question sociale et à celle des femmes, elle-même étant victime d’un premier mari adultérin qui dépense la fortune de sa femme comme bon lui semble. Ainsi, dans son premier roman Indiana (1832), ouvertement féministe, elle raconte la libération de l’héroïne éponyme du joug d’une société patriarcale. Elle exprime ses idées dans certains de ses romans sociaux, Le Compagnon du tour de France (1840), Horace (1841), Consuelo (1843)… Tous ces récits montrent la lutte contre les abus de classe, de famille et de propriété ; la revendication de la doctrine du progrès continu et de la « vie de l’homme dans l’humanité ».
Eugène Sue, lui, est l’écrivain le plus lu du XIXe siècle. Inventeur du roman populaire, converti au socialisme politique comme George Sand, il publie Les Mystères de Paris, roman-feuilleton paru de juin 1842 à octobre 1843, qui montre la misère à Paris et quelques personnages qui travaillent à rétablir la justice. Paul Bourget, moraliste engagé en faveur du catholicisme, opère une littérature d’analyse souvent à thèse, dont le principal roman est Le Disciple (1889), adressé à la jeunesse. Dans celui-ci, il dénonce la responsabilité d’un maître à penser sur un jeune disciple qui va commettre involontairement un suicide, en ayant suivi les enseignements de son maître.
Enfin, Barrès, dans Les Déracinés (1897), comme dans Le Disciple de Bourget, montre la corruption mentale d’étudiants qui ont tous subi la formation d’un professeur de philosophie qui leur a fait perdre leurs « racines » par la conversion à un humanisme trop abstrait, universaliste, international, pacifiste, responsable des malheurs et dérives de la jeunesse et du pays.