Plus récemment, Vinaver (1927-) avec Iphigénie-hôtel (1959), Michel Azama (1947-) avec Iphigénie (1991) ou Didier-Georges Gabily (1955-1996) avec sa trilogie Gibiers du temps, Première époque : Thésée (1994), Deuxième époque : Voix (1995), Troisième époque : Phèdre, fragments d’agonie (1995) ont revisité, eux aussi, la tragédie à thème antique, en la mêlant au quotidien (Vinaver, Gabilly) de sorte que le mythe dénaturé (chez Gabily, les dieux sont mortels, et Thésée mort remplace Hippolyte pour l’inceste) dénonce l’inhumanité de notre monde. Laurent Gaudé (1972-) crée Médée Kali (2003), nourrissant le mythe au contact de l’hindouisme.
Le plus intéressant est Wajdi Mouawad (1968-) qui, avec sa tétralogie Le Sang des promesses amorcée avec Littoral (1997), Incendies (2003), Forêts (2006) et Ciels (2009), puis avec Les Larmes d’Œdipe (2016), revisite le genre de la tragédie, plus de 50 ans après Camus. De cet ensemble choral, Incendies est la tragédie la plus novatrice : le mythe œdipien est transposé lors de guerres civiles contemporaines, la mère-Jocaste s’est fait violer par un milicien qui s’avèrera son fils...