La géographie physique, en perte de vitesse, a su profiter de la montée de la conscience environnementale pour se renouveler. Dans les années 1970, l’opinion publique commence à s’émouvoir de la pression sur les ressources (rapport Meadows « Halte à la croissance » du Club de Rome en 1972, dans lequel des économistes appellent à une décroissance pour limiter la pression anthropique sur les milieux, avant même la fin des Trente Glorieuses) et des pollutions (naufrage de l’Amoco Cadiz en 1978 qui cause une importante marée noire sur les côtes bretonnes). Le rapport Brundtland de 1987 définit sous la houlette de Mme Gro Harlem Brundtland, ex-Première ministre norvégienne, le développement durable comme celui qui « permet aux générations actuelles d’assurer leurs besoins sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs ». La décennie-clé est celle des années 1990 avec le sommet de la Terre à Rio de Janeiro en 1992 qui met en place sous égide de l’ONU les Agendas 21 pour un développement durable au XXIe siècle et le Protocole de Kyoto, signé dans l’ancienne capitale du Japon en 1997 et qui engage les pays développés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990.

L'analyse géographique s’empare progressivement de la thématique du respect de l’environnement et du développement durable. Après le Géosystème, Territoire, Paysage proposé par le géographe Georges Bertrand en 1991, le développement durable a constitué un nouveau relais pour les géographes. Les travaux sur la protection de la « nature », terme le plus complexe à définir selon le principal dictionnaire de géographie anglo-saxonne, se sont développés. À partir du cas de la Hongrie et de l’Allemagne, Samuel Depraz a proposé le concept d’acceptance (Akzeptanz) pour renvoyer à la manière de faire accepter les classements forts au sens de la typologie de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature, comme les parcs nationaux qui imposent en général de lourdes restrictions, générant des conflits d’usages environnementaux. Le Savoyard Lionel Laslaz a travaillé dans la même logique autour des conflits d’usages liés au premier Parc Naturel National français, la Vanoise, créé en 1963. Farid Benhamou est spécialiste du retour d’animaux sauvages, de manière naturelle (loup dans les Alpes françaises via l’Italie) ou intentionnelle (ours slovènes dans les Pyrénées). La combinaison des trois piliers économique, social et environnemental, se prête à une démarche géographique scalaire. Par exemple, les géographes s’intéressent au cas des États-Unis, avec un échelon fédéral plutôt libéral voire climatosceptique (notamment quand la présidence est républicaine) et des individus, villes, comtés et États fédérés parfois en pointe comme en témoigne le mouvement « We are still in » demandant le maintien dans les Accords de Paris de 2015 dont Trump s’était retiré avant que Biden n’annonce le retour du pays. La Californie est pionnière dans la transition énergétique avec ses centrales solaires, ses voies de covoiturage, etc. Les pollutions et le changement climatique sont des phénomènes globaux et le jeu d’échelle de la géographie avec ses contradictions est donc une belle grille d’analyse.