Dans les pays développés, la géographie économique intéresse de plus en plus les décideurs politiques, notamment à l'échelle locale. Si les ministères et agences nationales (comme Atout France) agissent pour promouvoir leur pays comme une marque attractive pour les touristes, les investisseurs voire les étudiants et les migrants, c'est surtout à l'échelle locale que la géographie économique des territoires est mobilisée.
C'est le géographe grenoblois Bernard Pecqueur qui incarne le mieux ce courant développementaliste de la géographie dans les pays développés. Dès 1989, il travaille sur le sujet et développe son concept phare de ressource territoriale : pour se développer, les territoires peuvent s'appuyer sur des actifs, au sens économique. Ces potentialités deviennent alors des ressources ; elles doivent être les plus spécifiques possible, ce qui suppose des stratégies de labellisation (et de marketing territorial, notamment urbain tel qu'étudié par Muriel Rosemberg). Les territoires sont lancés dans une course au classement et mis en concurrence dans la mondialisation à toutes les échelles. La ressource peut être physique (montagne, eau, etc.) ou humaine (l'économiste Laurent Davezies a montré avec l'économie présentielle que la simple présence de consommateurs pouvait constituer une base économique intéressante).
L'innovation (développement de clusters, entre entreprises, centres de recherches et parfois acteurs publics locaux), l'action et la planification publiques s'appuient sur les travaux des géographes ; l'aménagement n'est que la partie appliquée de la géographie économique, discipline théorique. Le développement territorial prend une dimension locale quand la décentralisation est renforcée. Les territoires les plus petits peuvent se regrouper autour de syndicats intercommunaux ou d'intercommunalités, ou autres regroupements de communes (comme les « pays » des années 1990 et 2000) pour devenir des territoires de projet, « par le bas » (la logique bottom-up remplaçant la logique descendante ou top-down dans l'aménagement). Si le volet économique est souvent mis en avant par les élus et décideurs, le développement n'est pas une simple croissance avec production de richesse, mais suppose une redistribution et une prise en compte de l'environnement. C'est à ce titre qu'il faut comprendre les déclinaisons locales des Agendas 21 qui incarnent le développement durable théorisé dans le rapport onusien de la Première ministre norvégienne Gro Harlem Brundtland en 1987 et renforcé à partir du Sommet de la Terre de Rio (1992) au Brésil. C'est également dans cette logique qu'il faut comprendre que les Parcs Naturels Régionaux (PNR) français, créés par la loi de 1967, ne diffèrent pas des Parcs Naturels Nationaux (PNN) de 1960 uniquement pour une question d 'échelle de gestion. Les deux sont labellisés par l'État central, mais la douzaine de PNN vise à protéger la nature, tandis que la soixantaine de PNR sont des outils de coopération intercommunale au service d'un développement durable (par ex., celui des Monts d'Ardèche a été promu par les producteurs de châtaignes, soucieux de valoriser cette ressource territoriale rare en France). Des excès peuvent aboutir à une perte du label (cas du marais Poitevin dans les années 1990 et 2000, même si la « Venise verte », dégradée par l'agriculture intensive non durable, a depuis retrouvé son statut).