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Ségrégation et fragmentation urbaines

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Paupérisation et gentrification

Les processus de relégation sociale et spatiale aboutissent à la concentration géographique de populations dominées (économiquement, socialement, ethniquement) dans des espaces considérés comme dévalorisants par les autres populations. Les populations concernées n’ont en général pas les moyens de choisir un autre lieu de résidence.

 

Les espaces concernés par ces phénomènes de relégation le sont pour des raisons multiples

  • Héritage historique et culturel : l’Ouest parisien, plus proche du pouvoir royal, a toujours été plus valorisé que l’Est, caractérisé par les faubourgs puis les banlieues industrielles
  • La topographie. Hauteurs valorisées au détriment des zones basses soumises aux inondations et aux maladies : Lyon Ouest / Lyon Est. À l’inverse, les pentes trop fortes, en proie aux glissements de terrain sont dévalorisés et laissés aux populations fragiles : favelas sur les collines de Rio. Idem pour les zones marécageuses : squats de Nouméa bidonvilles de Mamoudzou dans les mangroves.
  • La présence d’industries, d’activités polluantes, dangereuses, produisant des nuisances : développement de bidonvilles près des zones de stockage des déchets dans les villes des pays en voire de développement, quartiers populaires près des aéroports ou des autoroutes dans les pays développés
  • La densité du réseau de transport et des équipements

 

Le rôle de certains acteurs peut être déterminant pour enclencher ou pérenniser la relégation

  • Rôle des municipalités. Les communes communistes de la banlieue Est de Paris se sont « spécialisées » dans le logement social tandis que celles de l’Ouest mettaient en place des surfaces minimales pour vendre une parcelle constructive afin de maintenir des prix élevés.
  • Rôle des aménageurs. Le périphérique parisien est couvert dans le XVIème arrondissement, pas ailleurs. Décision ou non de raccorder certains quartiers aux réseaux d’eau, d’évacuation des eaux usées ou d’électricité.

Ségrégation urbaine et figure de ghetto

Le terme de ségrégation devrait être réservé aux cas dans lesquels les institutions et les réglementations mettent en place de façon volontaire une séparation entre catégories sociales ou ethniques.

 

La politique d’Apartheid (développement séparé) en Afrique du Sud

  • A donné naissance à des quartiers entièrement dévolus aux populations de couleur (appelés townships) et d’autres réservés aux blancs. La ségrégation spatiale la plus stricte était visible à Johannesburg.
  • Depuis la fin de l’Apartheid (1991), les anciens townships restent des quartiers noirs et pauvre dans l’ensemble. D’anciens quartiers blancs ont vu l’arrivée de populations noires (déségrégation), ce qui a eu pour conséquence le départ des populations blanches (reségrégation).
  • Dans les pays voisins de l’Afrique du Sud (Rhodésie, Namibie), des politiques similaires ont existé et ont laissé des traces dans l’organisation des villes.

 

Aux États Unis, des années 1900 aux années 1940, un arsenal législatif permettait d’empêcher les populations noires d’accéder à la propriété dans les villes ou dans certains quartiers des villes du Nord du pays, d'où phénomène de ghettoïsation de certains quartiers

  • Début XXème siècle, arrivée de populations noires dans les villes industrielles du Nord-Est (Chicago, Milwaukee, Cleveland, Detroit, Philadelphie, Baltimore…)
  • Fuite des populations blanches vers des quartiers (souvent pavillonnaires) de banlieue, par peur de la cohabitation et peur de baisse des prix
  • Baisse des prix des appartements, des terrains et des loyers
  • Arrivée de populations toujours plus pauvres
  • Dégradation des immeubles, fuite des services publics

 

Même processus dans d’autres villes et régions du monde (Europe de l’Ouest, Asie de l’Est), même sans volonté politique de discrimination : « ghettoïsation spontanée ».

Fragmentations sociales voulues

La recherche de « l’entre-soi » peut conduire certaines catégories sociales ou ethniques à des processus de regroupement qui participent des fragmentations de la ville.

Ce processus concerne au premier chef les catégories les plus favorisées, qui peuvent le plus facilement choisir leur lieu de résidence

  • Apparition de quartiers aisés ou « beaux quartiers » dans le centre-ville : Ouest parisien, Ouest londonien, Sud Manhattan…
  • Apparition de banlieues aisées, soit dans la continuité des beaux quartiers centraux (Neuilly, Saint-Germain-en-Laye), soit sans continuité (Saint-Maur)

 

Il concerne également certaines minorités:

  • Ethniques : chinatowns des pays développés
  • Sociales : quartiers homosexuels des grandes métropoles occidentales

 

La forme la plus aboutie est constituée par les communautés fermées (gated communities aux États-Unis, condominios fechados au Brésil)

  • Résidences fermées, surveillées : importance de la sécurité, parfois privatisation d’espaces précédemment publics (rues)
  • Règlements favorisant l’entre-soi en terme de statut économique, d’âge, de structure familiale
  • Dans les pays émergents ou en voie de développement (Amérique Latine surtout), volonté des classes moyennés de se séparer des populations en voie de déclassement
  • Aux États-Unis, parfois sécession politique et création de municipalité séparée

Paupérisation et gentrification : les fragmentations sociales en évolution

Certaines parties de la ville peuvent changer de statut au cours du temps.

Certains quartiers deviennent progressivement des quartiers pauvres, dévalorisés, défavorisés, alors qu’ils ne l’étaient pas au départ : on parle de paupérisation. Ils attirent alors des populations défavorisées, le plus souvent des migrants récents : venus de l’étranger (pays développés) ou des campagnes (pays en voie de développement)

  • Quartiers centraux anciens des villes des pays développés, avec immeubles anciens, dotés d’un confort insuffisant, difficiles à rénover : Vieux Lyon, alentours de la Gare de Lyon à Paris (îlot Chalon) dans les années 1980, Belleville, Naples, Marseille
  • Anciens quartiers ouvriers dans les villes en crise
  • Quartiers de grands ensembles des banlieues européennes, vite dégradés et abandonnés par les catégories supérieures ou moyennes
  • Quartiers historiques des villes du Maghreb et du Proche Orient (médinas) aux logements exigus
  • Quartiers coloniaux des villes d’Amérique Latine (La Havane, Lima, Bogota) ou d’Asie de l’Est (Macao, Hong-Kong) : grandes demeures divisées en logements de plus en plus petits

 

D’autres quartiers connaissent une trajectoire inverse : de très dégradés et très dévalorisés, ils deviennent des « beaux quartiers » : on parle de gentrification

  • Processus d’abord individuel : achat et rénovation de logements dégradés par des personnes qui y voient une opportunité de rente. Le quartier devient « bohème »
  • Dans un second temps, action de promoteurs immobilier : achat et rénovation (ou démolition et reconstruction) d’immeubles entiers
  • Changement de typologie des commerces de proximité au fur et à mesure du changement social des habitants
  • Parfois intervention des pouvoir publics : voierie, réseaux, services publics de meilleure qualité
  • Finalement impossibilité pour les populations initiales de rester, les prix étant devenus trop élevés

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