Le nom de féodalité est trompeur. Il nourrit l’illusion de l’uniformité des sociétés médiévales. Chaque aire politique et culturelle a en réalité secrété son propre régime. Celui-ci est monarchique (monarchie élective ou héréditaire, représentative ou non), mais l’empire byzantin, l’empire perse, l’empire carolingien, les califats arabo-musulmans ou l’empire ottoman reposent sur des fondations religieuses et des formes de contrat social divergentes.
Ce qu’on a appelé la féodalité repose sur trois piliers :
- le morcellement de l’autorité politique,
- l’appropriation de pouvoirs publics
- et la rémunération de services (notamment militaires) par une dotation foncière (le fief).
Cette vision, très péjorative, est inapplicable aux zones de conquête, dans le monde arabe aux VIIe-IXe siècles, dans l’Angleterre normande ou en Islande ; elle ne tient pas compte de l’allocation de revenus fiscaux, notamment en Orient et dans le monde arabe ; elle échoue à associer les Églises, les villes et les communes au système politique ; elle ignore la formation d’institutions (Conseils du roi, Parlements, États généraux…) à l’origine de l’État moderne ; elle réduit enfin le complexe à l’uniformité.