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Sociétés et économie médiévales

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Sociétés et économie : Le haut Moyen Âge

Y a-t-il continuité entre l’Antiquité et le Moyen-Âge ? 

Contre : l’Empire byzantin a été déstabilisé lors de la poussée des Arabo-musulmans aux VIIe-VIIIe siècles et a perdu son contrôle des échanges méditerranéens. 

Pour : l’agriculture (le mode de production antique se perpétue dans les grandes exploitations (« villae ») jusqu’au IXe siècle au moins), relative stabilité du fisc antique, capturé par les nouveaux maîtres que sont les rois et collaboration des élites locales qui gardent le contrôle de l’administration. Le commerce maritime le long des côtes de la Mer Noire à l’Atlantique, la circulation fluviale et les échanges terrestres n’ont pas fléchi.
Un premier décollage se perçoit à partir de la fin du VIIIe siècle : le pacte entre Francs et l’Église romaine, la formation d’un bloc politique et social réunissant France, Allemagne et Italie, les nouvelles réglementations politiques et économiques dans cet espace, la désunion avec l’empire byzantin, la sédentarisation des peuples du Nord (« Normands »), la christianisation de l’Europe centrale par les Francs et celle de la Russie occidentale par les Byzantins, la lente régulation de la violence dans les royaumes, le système de la seigneurie…
Tout cela a permis une décontraction de la vie économique.

Sociétés et économie : Le bas Moyen Âge

Une accélération des économies occidentales s’est produite à partir du XIe siècle. Elle a assuré la croissance de l’Europe occidentale, au détriment de l’Est européen, du Proche-Orient et des pays du Sud de la Méditerranée. 

Les moteurs du décollage ont été un climat favorable (on a parlé d’un optimum climatique de l’an mille au milieu du XIVe siècle), l’absence de pandémies (la peste a sévi de 542 jusqu’au début du VIIIe siècle, elle ne ressurgit qu’en 1348-1348), une démographie avantageuse, les guerres de conquête (l’Angleterre en 66, l’Espagne du XI au XIIIe siècle, la 1re Croisade), les progrès d’une agriculture intensive et surtout du commerce (en flux constant, transcontinental), la forte demande enfin des populations urbaines d’Italie, de la vallée du Rhin et des Flandres. Le bas Moyen-Âge montre les prémisses d’un premier âge industriel, tiré par l’artisanat du luxe.

Le modèle économique expérimenté dans l’Europe médiévale a barré peu à peu la route aux cultures proche-orientales et asiatiques. La domination des Occidentaux à partir du XIIe siècle s’est appuyée sur une interprétation du christianisme latin, qui soumettait l’ordre social aux valeurs primordiales de la parenté étroite, du gouvernement oligarchique et du consensus (mariage monogame, consensuel et indissoluble ; contrats de marchands). Ce modèle a privilégié les figures associées du prêtre, du guerrier, du marchand et de l’intellectuel.

Économie du Moyen Âge occidental (VIIe-XIIIe siècles)

Du Ve au VIIIe siècle en Occident, les troubles des invasions, l’anémie des villes antiques, la raréfaction des monnaies et des échanges ont incité les propriétaires de grands domaines – princes, aristocrates, églises et monastères – à thésauriser et à miser sur une ruralisation massive. L’accumulation des richesses par les élites a contribué au renforcement des liens d’homme à homme, à une redistribution répondant au devoir de largesse et ainsi au lent façonnement de la féodalité. Les réformes carolingiennes (1 livre = 20 sous = 240 deniers ; uniformité du denier d’argent dans tous les royaumes francs en 794 ; édit de Pîtres, 864), destinées à rétablir le contrôle du pouvoir public, n’ont pu ni gêner la persistance d’ateliers monétaires aux mains des comtes, ni enrayer la dissémination de la richesse et la valorisation de la terre. Le monométallisme de la monnaie, dominant depuis le VIIIe siècle, fait place aux émissions de monnaies d’or au début du XIIIe, lorsqu’il faut rééquilibrer les échanges avec la partie européenne de l’Empire byzantin où l’or demeure la référence. Quelles que soient les mutations monétaires pratiquées dans les royaumes et les désastres des croisades, l’économie occidentale, tirée par les villes, notamment italiennes, a pris un tour nouveau au XIIIe siècle : elle triomphe.

Bibliographie de base :

  • Philippe Contamine, L’économie médiévale, Paris, Armand Colin, 1999.

Les villes dans l’Occident médiéval

Après une longue récession où seules les grandes cités de l’Orient (Constantinople, Antioche, Damas, Baghdad, Le Caire…) et Rome avaient maintenu leur densité démographique, les villes explosent à partir du XIe siècle dans toute la Chrétienté latine : elles marquent le paysage de la christianisation (nouveaux évêchés), la structuration de principautés (en Flandres, dans la vallée du Rhin), la consolidation de royaumes (dont Paris, Londres au XIIe siècle, puis Londres, Naples, Prague au XIVe… deviennent des capitales), la structuration de ligues (cités-républiques d’Italie du Nord, villes de la Hanse) ; elles stimulent la création artisanale, l’exploitation des environs, le commerce, la banque et l’innovation scientifique. Se forment des « communes », communautés urbaines conscientes de leur puissance et de leurs privilèges, parfois dotées de gouvernements élus (consuls, échevins), qui doivent compter avec les pouvoirs traditionnels (rois, comtes, évêques) et les groupes d’intérêts. Autour des édifices symboliques (palais ou château, église cathédrale si la ville est évêché), la ville est divisée en quartiers ou sestieri, en paroisses centrées sur une église paroissiale ; des bourgs se forment en périphérie. À mesure que croissent les villes, les religieux s’y établissent, en particulier au XIIIe siècle (« ordres mendiants ») ; certaines d’entre elles sont dotées par les rois et les papes d’universités où maîtres et étudiants se regroupent. Malgré les crises, les grandes cités des XIIe-XVe siècles ont porté le décollage européen.

Bibliographie de base :

  • Patrick Gilli, Villes et sociétés urbaines en Italie, XIIe-XIVe siècles, Paris, SEDES, 2005.
  • Patrick Boucheron, « La ville médiévale », dans Histoire de l’Europe Urbaine, t. 2, Paris, Points, 2011. 
  • Jacques Le Goff, « Ville », dans J. Le Goff et Jean-Claude Schmitt, Dictionnaire raisonné de l'Occident médiéval, Paris, Fayard, 1999, p. 1183-1200 (réédition Fayard/Pluriel, 2014).

Les nouvelles formes du lien social en Occident au Moyen Âge

Les sociétés médiévales, toujours menacées par la pénurie, par la guerre et par la maladie, ont suscité des formes originales de lien social, destinées à maintenir les idéaux de paix et de concorde. Le devoir d’hospitalité, canonisé dans les Règles monastiques des IVe-VIe siècles, répond au principe de charité. La création des paroisses au fil de la christianisation a favorisé la cohésion des groupements de voisins. L’émergence des communes à partir de la seconde moitié du XIe siècle a consolidé une culture civique. À la même époque, un nouvel ordre familial a commencé à prendre forme : on admet aujourd’hui que le glissement, dans le haut Moyen-Âge, de la parenté large à la famille étroite, « nucléaire », n’est qu’une construction historiographique, mais, aux XIe et XIIe siècles, des contraintes sociales ont conduit à réglementer le mariage et donné à la famille sa figure occidentale (mariage monogame, consensuel, indissoluble, à finalité de reproduction et de transmission, consacré par des rites et la construction d’un roman familial…). Les confréries, surgies aussi à partir de la fin du XIe siècle, souvent dans un contexte de revendication religieuse, sont le versant religieux des associations professionnelles (celles-ci, attestées pour des marchands du Rhin vers 1020, remontent peut-être aux guildes mentionnées en 779). Au XIIIe siècle, les étudiants des universités se sont répartis en « nations » (celle de Bologne en comptait 16), assurant hébergement et protection. Enfin, l’idéologie des trois ordres de la société – ceux qui prient, ceux qui combattent, ceux qui travaillent –, a structuré l’imaginaire de la solidarité pour des siècles.

Bibliographie de base :

  • Catherine Vincent, Les confréries médiévales dans le royaume de France, Paris, Albin Michel, 1994.
  • Didier Lett, Genre, famille et violences sexuelles. Ecrire l’histoire des pratiques et des différences sociales au Moyen Âge (XIIe -XVe siècle), Paris, Picard, 2018.

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