En 1905, Matisse, Marquet, Manguin, Derain, entre autres, font scandale au Salon d'automne. Le journaliste Louis Vauxcelles les qualifie alors, dans un article du Gil Blas, de « fauves », en réaction à l'audace dont ces artistes font preuve au niveau de leurs recherches chromatiques.
Les artistes fauvistes envisagent la peinture à partir de ses constituants : une toile, des couleurs, et souhaitent séparer la couleur de sa référence à l'objet, pour en libérer la force expressive. Ils tentent d'affranchir la peinture de tout contact imitatif et conventionnel en travaillant à partir de dissonances chromatiques.
Réagissant contre la tentative de restitution des sensations visuelles des impressionnistes et répondant au défi de la photographie, les fauves proposent une nature filtrée par la subjectivité de l'artiste, exprimée par des plages de couleurs pures, intensément lumineuses. La confusion des plans et des teintes, les contrastes colorés, sont le résultat d'une reconstruction mentale de la réalité, à partir de la couleur. Le dessin est de moins en moins présent, c'est la couleur qui construit la forme et les plans. Celle-ci s'autonomise dans un langage propre aux artistes.
L'esthétique fauve (exclusivement française) se développe en relation avec celle des expressionnistes d'Allemagne et des pays germaniques (inspiration des arts africains et océanien), mais sans en adopter le contenu tragique. Les fauves avaient également connaissance de la peinture de Gauguin, qu'ils avaient pu apprécier lors de sa rétrospective, en 1905. Ils retiennent de ce dernier, un travail sur la couleur non imitative et l'influence des arts et cultures dites « primitives ».
Gauguin, et les artistes de l'école de Pont Aven, à la fin du XIXe siècle, recherchaient une richesse poétique et un sens du sacré plus que de la réalité tangible. Ils optèrent pour le cloisonnisme et le synthétisme, s'inspirant des estampes japonaises, de l'art populaire (gravures d'almanach) et du Moyen-âge (vitrail, sculpture). Puisant leurs sujets dans les traditions (lutte bretonne, costumes traditionnels, quotidien dans la campagne bretonne « hors du temps », foi religieuse), ils construisent des figures à l'allure hiératique et archaïque, à l'aide de couleurs pures et saturées.