L'invention de la photographie en 1840 va permettre aux peintres de se libérer d'une tâche qui était celle de la captation du réel, de la re-création des apparences extérieures. Les artistes vont pouvoir se concentrer, alors, sur la peinture « pure », et sur l'intériorité (des choses, des phénomènes et des êtres).
Le Fauvisme, le Cubisme, le Symbolisme, le Futurisme ont ouvert des voies vers de nouvelles formes d'expression et ont questionné les limites de la représentation par exemple, ou encore la couleur, la manière dont celle-ci provoque des sensations spatiales, amène de la lumière. La musique, la science et la spiritualité vont également mener certains artistes à franchir le pas de l'abstraction.
En effet, l'idée de fragmentation est proche de l'esprit général en science au début du XXe siècle avec la théorie atomique de la matière par exemple. Les recherches d'Einstein sur la Relativité générale (1907-1915) vont faire émerger des notions abstraites telles la courbure de l'espace-temps, l'attraction gravitationnelle entre les masses. Avec la naissance de la physique quantique, au début du XXe siècle, la compréhension de la matière change (particules élémentaires, dualité onde-corpuscule, non localité entre autres), tout devient instable, les conceptions du réel sont bouleversées.
D'un autre côté, l'enseignement de la théosophie va influencer Kandinsky, Kupka ou encore Mondrian dans leur quête spirituelle. Les philosophes, biologistes et psychologues de la Gestalt théorie vont quant à eux s'intéresser aux mécanismes de la perception et de la forme. Les artistes du début du XXe siècle baignaient dans un contexte ou la présentation des phénomènes physiques (vitesse, force, poids, temps, durée, espace, tensions, rayonnement, ondes), mais aussi psychologiques (tensions, sentiments, sensations, etc.) n'était plus possible par la figuration. La mimesis ne pouvait copier l'atome ou le phénomène pur de l'accélération. C'est dans ce contexte que va naître l'abstraction dans la peinture.