Le peintre d'origine néerlandaise Piet Mondrian (1872-1944), est à l'origine du Néoplasticime, première systématisation de l'abstraction géométrique dans l'histoire de la peinture occidentale. Plusieurs phases ont précédé l'abstraction dans son travail (expressionniste, pointilliste, cubiste). Mondrian a épuré sa peinture jusqu'à ne garder que les trois couleurs primaires qui résument le prisme lumineux, posées en aplat, ainsi qu'un réseau orthonormé (se coupant à 90°) de bandes noires. Le noir, avec le gris et le blanc sont les trois « non-couleurs » présentes dans ses tableaux néoplasticistes (dont les premières œuvres datent de 1920).
La spiritualité en général et la théosophie, en particulier, ont nourri ses recherches plastiques. Mondrian a évacué de sa peinture la mimesis, ou toute ressemblance avec les apparences, pour ne garder que l'essence même de leur nature, dans l'idée qu'il est possible de connaître Dieu, grâce à l’approfondissement de la vie intérieure. Mondrian évitait également tout lyrisme dans la disposition des touches de la couleur, ainsi qu'il évitait l'affirmation des textures – même si la qualité matérielle et la trace des gestes du peintre étaient encore sensiblement présentes et visibles dans les craquellements de la peintures ou encore dans le jeu des transparences. De la monumentalité des premières formes picturales (des arbres notamment) qui envahissaient toute la toile, Mondrian va se concentrer sur les lignes essentielles et tenter de les synthétiser. Le peintre recherchait l'équilibre, l'harmonie entre les deux natures (matérielle et spirituelle), qui permettraient une harmonie universelle entre les hommes. Il y a dans le Néoplasticisme l'idée d'une sérialité, de l'épuisement d'une forme, mais aussi la volonté de traduire, par un langage plastique, des idées, des notions, des concepts qui tendent vers une spiritualité (l'absolu, le vrai, l'idéal). Mondrian théorise et diffuse ses principes via la revue De Stijl (1917-1931) notamment.