L'Afrique et le Moyen-Orient

L’Afrique est la région du monde la moins développée. Encore faut-il nuancer une telle présentation en précisant que le Nord du continent, ainsi que l’Afrique du Sud, s’en sortent singulièrement mieux.

De nombreuses hypothèses ont été avancées pour expliquer ce sous-développement : l’héritage esclavagiste, le pillage colonial, le climat défavorable. La vérité est qu’on retrouve ces critères ailleurs dans le monde dans des pays qui sont pourtant parvenus à se développer. 

Si l’Afrique parvient à tirer des richesses de la mondialisation, grâce au renchérissement des matières premières, le problème vient du fait que ces revenus sont très mal redistribués et rarement dépensés en Afrique. 

L’instabilité politique pourrait être l’une des causes les plus importantes du sous-développement, en même temps qu’elle en est une conséquence.

Bien que cette réalité ne soit qu’imparfaitement rendue par les médias internationaux qui ont tendance à se focaliser sur d’autres régions du monde, l’Afrique est le continent qui connaît le plus de conflits.

Ceux-ci ont des origines multiples mais prennent fréquemment un tour ethno-communautaire. La question ethnique est rarement à l’origine des guerres africaines, mais elle est souvent instrumentalisée par ceux qui les font. 

Plus récemment, le développement de groupes islamistes au Sahel et en Afrique orientale, a également mis sur le devant de la scène un nouveau type de conflits identitaires, religieux celui-là. 

Les guerres africaines ont en commun d’être le plus souvent des guerres civiles, confirmant l’analyse de Michel Foucher selon qui les frontières ne posent ici pas tant problème par ce qu’elles séparent que par ce qu’elles regroupent.

Le Moyen-Orient se caractérise par une extrême diversité à la fois ethnique et religieuse. Celle-ci se traduit par une inestimable richesse patrimoniale, mais aussi par des conflits parfois très violents.

Sur le plan ethnique, si les Arabes sont majoritaires, ils doivent cohabiter avec d’importantes communautés turques, perses, kurdes ainsi qu’avec la minorité israélienne.

Sur le plan religieux, l’islam est largement dominant, mais il ne faut pas perdre de vue qu’il est lui même divisé en de multiples courants, dont les deux principaux sont le sunnisme, majoritaire, et le chiisme (majoritaire en Irak, en Iran et au Bahreïn). 

Le judaïsme et le christianisme, présents dans la région avant l’arrivée de l’islam, y sont demeurés bien implantés, encore que le christianisme soit en net recul depuis le début des années 2000 du fait des persécutions qu’il subit.

Le Moyen-Orient est la région du monde qui se caractérise par les plus forts écarts de richesse et de développement.

Cette situation s’explique d’abord par l’inégale répartition des ressources gazières et pétrolières qui ont fait la fortune des pays qui ont la chance d’en posséder. D’autant plus que par une forme d’injustice géologique, les hydrocarbures de la région se concentrent pour l'essentiel dans les pays les moins peuplés. 

Mais le modèle économique de ces pétro-États n’est pas sans poser question. En se fondant sur un modèle rentier, ils prennent le risque de voir s’effondrer leur prospérité dès lors que les cours du pétrole diminuent ou, à terme, que la ressource s’épuisera. 

C’est pour tenter de conjurer ce risque que les riches émirs du Golfe multiplient les investissements partout dans le monde afin de s’assurer des rentrées d’argent plus pérennes.

Bien que peuplé majoritairement d’arabes, le Moyen-Orient est dominé par trois puissances non arabes que sont Israël, la Turquie et l’Iran. Côté arabe, l’Égypte et l’Arabie Saoudite rivalisent pour s’imposer comme leaders incontestés.

Mais plus que sur l’appartenance linguistique, c’est aujourd’hui d’abord sur l’identité religieuse que se structurent les principaux conflits de la région. A une coalition de puissances sunnites (Arabie Saoudite, Émirats Arabes Unis, Qatar, Égypte, Turquie), s’oppose un supposé « arc chiite » qui va de l’Iran au Liban en passant par l’Irak et la Syrie.

À ces acteurs locaux, s’ajoute l’influence des États-Unis qui sont très présents dans la région et tentent de concilier des alliances contradictoires (avec la Turquie, l’Arabie Saoudite et Israël par exemple).