L'Europe

La question des limites de l’Europe est l’une des plus complexes qui soient pour le géographe. Ce finistère de l’immense continent eurasiatique n’a en effet aucun contour géographique clair, surtout pour ce qui est de sa partie orientale.

C’est donc avant tout selon des critères historiques et culturels, en un mot civilisationnels, que peuvent être établis les contours du monde européen. Celui-ci se caractérise par la prégnance de l’héritage spirituel judéo-chrétien et du droit romain, ainsi que par les valeurs libérales et individualistes issues de la Réforme protestante et de la Révolution française. 

Reste que l’Europe se caractérise avant tout par sa pluralité qui fut à la fois sa force, en tant qu’elle a stimulé son innovation, et sa faiblesse, en ce qu’elle rend compliquées les tentatives pour lui donner une unité politique.

La volonté d’unifier l’Europe est ancienne, et trouva notamment à s’incarner dans les figures de Charlemagne ou de Napoléon. Mais ce n’est que dans la deuxième moitié du XXe siècle que s’enclenche un processus de rapprochement volontaire et non plus contraint entre les principaux pays de la région.

Imaginée en 1951 par Jean Monnet et Robert Schuman, la Communauté européenne du charbon et de l’acier avait d’abord pour but d’encourager le rapprochement franco-allemand en imbriquant les économies des deux grandes puissances de l’Europe continentale.

C’est toujours par le biais du rapprochement économique que la construction européenne progresse en 1957 avec l’instauration de la Communauté économique européenne (traité de Rome).

Il faut attendre 1993 et la création de l’Union européenne pour que l’unification économique soit accompagnée d’un processus de rapprochement politique.

La caractéristique la plus fondamentale de toute géopolitique européenne est le morcellement extrême de cette partie du monde : près d’une cinquantaine d’États y cohabitent sur à peine 6% des terres émergées. Et cette balkanisation est loin d’être achevée comme en témoignent les aspirations indépendantistes écossaise, flamande, catalane ou basque.

Cette extrême division politique de l’Europe tient d’abord à l’histoire houleuse de cette région du monde. Elle explique qu’elle fut le berceau des deux plus graves guerres du XXe siècle. Des guerres qui lui ont fait perdre sa suprématie.

Désormais, c’est vers l’unité qu’elle tente d’aller afin de retrouver un peu de l’influence globale qui fut jadis la sienne. Mais l’élaboration d’une politique étrangère commune à l’Union européenne relève encore du vœu pieux.