L’une des controverses les plus importantes au cours du XIXe siècle concernait la détermination de la valeur des choses. La résolution de ce paradoxe a permis de discriminer deux types de réflexion : la première en matière de valeur-travail, la seconde en matière de valeur-utilité.

Posé par Adam Smith, le paradoxe de l’eau et du diamant peut se résumer de la façon suivante : comment se fait-il que l’eau, pourtant si utile à la vie, ait moins de valeur que le diamant, pourtant si peu utile ? Les économistes classiques (A. Smith, D. Ricardo, K. Marx…) optent pour une solution en matière de valeur-travail. Selon ces économistes, c’est la quantité de travail incorporé dans l’objet qui en fait sa valeur. Plus le bien nécessite du travail, plus il aura de valeur.

Il faut attendre la fin du XIXe siècle et le mouvement marginaliste (Walras, Menger, Jevons…) pour trouver une opposition à cette vision de la valeur. Les marginalistes ne réfléchissent alors plus en termes de valeur-travail mais utilisent la notion d’utilité-marginale. Ainsi, la valeur d’une chose tient dans le supplément de satisfaction apporté par la consommation d’une unité supplémentaire (résonnement « à la marge »). Ainsi, l’eau est moins chère que le diamant puisque le plaisir octroyé par la consommation d’une unité supplémentaire d’eau décroît avec le temps. En d’autres termes, lorsque l’on a soif, un verre d’eau est salvateur, le deuxième un peu moins, le troisième… Jusqu’à ne plus éprouver aucun plaisir.

La microéconomie moderne s’est donc construite autour de cette notion d’utilité-marginale, reléguant la valeur-travail au panthéon de l’histoire de la pensée.