C’est l’un des débats les plus prenants de la science économique, et peut-être celui qui traduit le mieux le clivage entre néo-classiques et keynésiens. Les termes du débat sont pourtant simples : pour investir, est-il nécessaire d’avoir une épargne préalable à mobiliser ?
Selon les économistes néoclassiques, l’épargne précède toujours l’investissement. Ainsi, si le gouvernement d’un pays veut financer une politique de grands travaux, il est nécessaire pour lui de collecter une épargne au préalable (en augmentant les taux d’intérêts par exemple afin d’attirer les investisseurs étrangers) ou, tout du moins, de réorienter l’épargne existante. Par conséquent, la politique de sortie de crise néoclassique est forcément une politique d’austérité : baisse de la consommation (pour que le revenu soit épargné et non consommé), hausse des taux d’intérêt, dans le but d’augmenter l’épargne et de relancer l’investissement privé.
L’un des aspects de la « révolution » keynésienne et de sa rupture avec la pensée néoclassique tient justement dans cette relation entre l’épargne et l’investissement. Au fil de sa réflexion, Keynes en arrive à la conclusion que ce n’est pas l’épargne qui précède l’investissement mais qu’au contraire, c’est l’investissement des entreprises qui détermine l’épargne des ménages. Ainsi, la politique de sortie de crise keynésienne est à l’opposé de celle des néoclassiques. Plutôt qu’une politique d’austérité, il est au contraire nécessaire de mener une politique de relance : relance de la consommation (publique et privée) et relance de l’investissement.